Chez Conforama, FO ne signe pas l’accord NAO

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Malgré l’inflation galopante et des grèves spontanées dans plusieurs magasins sur les revendications salariales, l’enseigne a refusé l’augmentation générale, pour tous, exigée par FO.

C’est un « non ». Chez Conforama (6 752 salariés), FO a averti la direction le 31 mars de son refus de signer le projet d’accord NAO, formalisé après trois séances. Nous avons arraché de petites avancées dans ces négociations extrêmement âpres, mais quasiment aucune de nos revendications collectives n’a été prise en compte. Les propositions de la direction sont largement inférieures aux vrais besoins des salariés, souligne Jacques Mossé-Biaggini, délégué syndical central de FO, deuxième organisation avec 32,9 % d’audience.

Des NAO anticipées face à la situation financière très difficile des salariés

Pour le militant, il y a urgence à revaloriser significativement les salaires. Il souligne le « lourd tribut » payé par les salariés dans la crise sanitaire. La quasi-totalité, placée en activité partielle, a dû se contenter de l’indemnisation à 84% du salaire net, car Conforama a refusé de la compléter. En sortie de crise, les vendeurs ont été, en plus, pénalisés par l’absence drastique de stocks : leur salaire, basé pour une grande part sur les ventes réalisées, a chuté, rappelle le DSC FO. En 2021, l’inflation galopante est venue s’ajouter à cette paupérisation.

Au point que FO a demandé à la direction, dès décembre dernier, d’avancer les négociations, initialement prévues en avril 2022, pour tenir compte de la situation financière très difficile de très nombreux salariés. Le syndicat a obtenu gain de cause. Et Conforama a décidé de verser une prime Pepa (prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, exonérée de toutes cotisations et contributions sociales, de CSG et de CRDS), d’un montant de 500 euros brut.

Une augmentation générale mais partielle

Dans ce contexte, FO a exigé une augmentation générale des salaires mensuels de 150 euros nets, pour tous les salariés. Proposition écartée. L’enseigne d’ameublement concède, uniquement pour les non-cadres, les vendeurs payés au fixe et sur le salaire de base des vendeurs commissionnés, une augmentation générale de… 30 euros bruts. Certes, le double de celle issue des NAO 2021 (non-signée par FO). Pour autant, rappelle le militant, sur un salaire moyen de 1 500 euros brut, cela représente 2 % d’augmentation et ne compense pas l’inflation (4,5 % en mars, sur un an, NDLR).

Quant à la hausse de 0,94 % des minima des grilles, proposée par l’enseigne d’ameublement, elle sera noyée par la revalorisation du Smic au 1er mai. Conforama a accepté une augmentation de 1 euro de la valeur des tickets-restaurant, que les salariés paieront 44 cents (part salarié).

Le reste relève de mesures individuelles réparties à la tête du client par les managers (+0,3 % pour les non-cadres, +2 % pour les cadres) ou de mesures catégorielles. Telle une prime-panier de 9 euros pour les techniciens itinérants, alors que FO la revendiquait pour tous.

Débrayages spontanés

Pas de quoi répondre à la colère des salariés qui, à Saint-Etienne (Loire), à Tarbes (Hautes-Pyrénées), à Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône), ont spontanément débrayés le 17 mars, avant la dernière séance de négociations. La mobilisation a été à l’avenant : entre 90 à 95% des effectifs, dans chacun des magasins, précise le DSC FO.

A quand les vraies augmentations de salaire ?, interrogeaient leurs tracts, pointant des salaires bien trop bas, alors que les charges de travail sont de plus en plus importantes. Devant l’inédit, la direction a craint un mouvement social et fait venir des vigiles pour l’ultime séance de négociations NAO, poursuit Jacques Mossé-Biaggini.

Un budget NAO inférieur de moitié aux allégements « Fillon »

Cette colère des salariés s’explique, pour FO, par la forte dissonance entre les propositions plus que minimalistes de Conforama et les données économiques dont les représentants des salariés disposent. Alors que l’enseigne motive ses décisions par le redressement en cours, les résultats s’améliorent de jour en jour et le bénéfice prévisionnel 2022 est déjà donné positif, rappelle Jacques Mossé-Biaggini. De surcroît, le budget des NAO 2022 est inférieur de moitié aux 9,9 millions d’euros économisés par l’enseigne en 2021 au titre des allègements « Fillon » sur les cotisations sociales patronales...

Les salariés se montrent extrêmement déçus. Ils attendaient plus de considération après avoir tout donné dans une période très difficile. Ils doivent pouvoir vivre dignement de leur travail, commente Jacques Mossé-Biaggini, DSC FO.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération