Les décisions stratégiques prises depuis cinq ou huit ans par la direction vont nous mener droit dans le mur
, alerte Lionel Duzer, délégué central FO au sein du groupe coopératif Euralis. Avec des délégués CGT et CFDT, il a publié le 11 avril 2018 un communiqué dans lequel ils font part de leurs inquiétudes quant à l’avenir du groupe. Ils appellent l’ensemble des administrateurs à prendre enfin les décisions qui s’imposent
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L’entreprise, qui emploie 4 800 salariés, est structurée en plusieurs pôles. Les craintes concernent principalement le pôle alimentaire, spécialisé dans la charcuterie industrielle (Rougié, Montfort) et les plats préparés pour traiteurs (Stalaven), où 313 postes vont être supprimés. Mais les délégués s’inquiètent également pour le pôle agricole, lui aussi en difficulté pour la première fois depuis 80 ans
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Fermeture des sites de Brive et Dunkerque
Ils énumèrent une douzaine de griefs, parmi lesquels : une stratégie qui ne génère pas ou peu de croissance
, un endettement qui s’envole (200 millions d’euros en 2018) malgré la vente de très nombreux actifs
, des erreurs de casting (5 DRH en 7 ans sur le pôle alimentaire)
, des emplois détruits (500 sur le pôle alimentaire entre 2012 et le PSE en cours…)
, aucune vision claire au-delà de l’horizon 2020
… Ils s’inquiètent aussi du retour d’une concurrence beaucoup plus vaillante
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En janvier dernier, la direction a annoncé un nouveau plan social au pôle alimentaire, le troisième depuis 2009, dans le cadre d’une réorganisation. Il va supprimer 313 emplois sur 2770. Les deux sites de production de Brive et Dunkerque sont condamnés. Sur le site de Sarlat, les syndicats ont réussi à préserver la moitié des postes.
Une coopérative qui fonctionne comme une entreprise du CAC 40
Les marques principales du pôle, Stalaven ou Rougié, sont des fleurons
dans leurs domaines. Autrefois rentables, elles ont été transformées en Business Units
ou unités commerciales autonomes, qui équilibrent à peine leurs comptes avec un chiffre d’affaires désespérément stable
, dénoncent les délégués syndicaux.
Le pôle alimentaire a été créé il y a quelques années, explique Lionel Duzer. La stratégie, c’est de racheter des entreprises, de presser le citron, et quand il n’y a plus de jus, d’arrêter et de racheter autre chose. Si ça continue, on aura un nouveau PSE dans trois ans. J’ai cru entrer dans une coopérative, mais elle fonctionne comme une entreprise du CAC 40.
Le PSE est en cours de négociations. Si les primes supra-légales ne sont pas à la hauteur des attentes de salariés, nous pourrons appeler à la mobilisation
, prévient le délégué central FO. Le 2 mars 2018 déjà, une manifestation contre le plan social avait été organisée à Pau, au siège d’Euralis.