Un simulacre de dialogue social !
Coordinateur FO chez l’équipementier Michelin (17 000 salariés en France), Gérald Giraud n’a pas d’autres mots pour qualifier l’attitude de la direction envers les organisations représentant les salariés. Le 15 octobre, la colère des syndicats est montée d’un cran à l’occasion d’un CSE-C (comité social et économique central), quand la direction a refusé de s’exprimer sur le rapport d’expertise commandité par les représentants du personnel dans le cadre du droit d’alerte déclenché, en juin, sur la situation des trois usines en sous-activité. Celles de Cholet (Maine-et-Loire, 960 salariés), Vannes (Morbihan, 299 salariés) et Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire, 155 salariés), qui fabriquent des produits semi-finis et des pneus.
La direction doit être transparente sur ses intentions
La riposte syndicale a été immédiate : toutes les organisations participant à l’intersyndicale, dont FO, ont aussitôt suspendu toute participation à des réunions officielles et non officielles
. Les négociations programmées (sur le télétravail, la mutuelle d’entreprise) ont été ajournées. Pour obtenir des réponses, l’intersyndicale a saisi directement la présidence du groupe.
C’est un euphémisme de dire qu’il y a urgence : l’usine de Vannes a perdu 40 % de sa production depuis 2021 ; celle de Cholet affiche le même recul depuis 2019 et celle de Joué-lès-Tours a vu fondre sa production de plus de 50 % depuis 2017. Ces sites tournent à 50 % de leurs capacités. C’est du jamais vu. Tout le monde a conscience que la situation ne peut durer. La direction doit être transparente sur ses intentions et apporter des réponses motivées
, souligne le militant FO. Il dénonce un double discours : À l’extérieur, Michelin se présente comme une entreprise soucieuse d’un dialogue social de qualité. En interne, on en est loin.
Le syndicat FO craint une possible annonce de restructuration d’ici mi-novembre. Michelin a déjà annoncé que certaines de ses usines seraient mises à l’arrêt, quelques semaines durant, d’ici la fin 2024, pour faire face à la baisse du marché.