Chez Novares, déjà une semaine de grève pour les salaires

Les articles de L’InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Pavlo Gonchar / SOPA Images/ZUMA/REA

Depuis le 5 mars, les salariés du site Novares de Libercourt (Pas-de-Calais) sont en grève, revendiquant une hausse de salaire. Face à l’échec des NAO, le mouvement a continué et les principaux clients du groupe spécialisé dans les pièces plastiques, voient leur production à l’arrêt, faute de stock. Un rapport de force au bénéfice des travailleurs qui tiennent bon, décidés à mener ce combat pour leur pouvoir d’achat.

Dans le froid et sous la pluie, les salariés du site Novares de Libercourt dans le Pas-de-Calais entamaient leur 5e jour de grève ce vendredi 10 mars. Sur les 5 sites que compte Novares, trois sont mobilisés (Libercourt, Villers-Bretonneux et Strasbourg) avec l’objectif de faire entendre leurs revendications dans le cadre des négociations annuelles sur les salaires. C’est à Libercourt que la mobilisation a commencé. Mais, après 3 jours de négociations, la direction a décidé de claquer la porte le jeudi 9 mars. Elle est restée sur sa décision initiale : 5 % d’augmentation et une prime de 400 euros brut, déplore Michel Boulard, délégué syndical FO au sein de l’entreprise.

Ce que propose la Direction revient à Un accord revalorisant les salaires afin de juste les aligner avec les minima conventionnels, dénonce la FédéChimie à propos de Novares, dont l’activité d’équipementier est la fabrication de pièces en plastique pour les voitures. La Direction Générale sabote ainsi un dialogue social déjà fragile en ne respectant pas ses engagements de poursuite de la négociation après consultation dans les sites de productions et refuse même la négociation d’un protocole de fin de conflit et c’est du jamais vu !, souligne la Fédération dans un communiqué.

+7,5 % d’augmentation des salaires et une prime de transport décente

Pourtant, les salariés ne demandent rien d’autre que du pouvoir d’achat, observe Michel Boulard. Nous exigeons une hausse des salaires de 7,5 %, à hauteur de l’inflation. Et 800 euros de prime s’ajoutant aux 400 déjà actés. Car les salariés le savent : certains clients de Novares ont vu leur croissance et leurs bénéfices augmenter. L’entreprise a donc vu ses propres bénéfices suivre. Or nous n’avons jamais vu la couleur de cet argent. Depuis la crise sanitaire, on n’a touché aucune prime. Lorsque l’on a fait remarquer cela à la direction, ils on nous répond qu’il n’y a pas d’argent. C’est faux, déplore le militant.

Le syndicat FO demande aussi une prime de transport à hauteur de 5 euros par jour. Beaucoup de salariés font plusieurs dizaines de km par jour pour se rendre au travail, mais n’ont que 15 euros par mois pour les transports. Moi par exemple, je fais 70 km quotidiennement et, pour cela, mon entreprise ne me donne que 1,17 euros par jour, illustre Michel Boulard.

Déterminés, Qu’il pleuve ou qu’il vente, ils sont là

Face aux propositions indécentes de la direction, les salariés de Libercourt ont pris la décision de ne pas reprendre le travail. Cinq jours de grève, c’est énorme. Encore plus dans un contexte d’inflation où le pouvoir d’achat est en baisse. Mais ils veulent mener ce combat, souligne le militant. Une détermination que salue Jean-Baptiste Konieczny, secrétaire général de l’union départementale FO du Pas-de-Calais. Qu’il pleuve ou qu’il vente, ils sont là. Certains restent la nuit, dans le froid. Il y a tous les âges, des hommes et des femmes. Je suis resté trois heures avec eux, je ne sentais plus mes mains. Mais, ils ont décidé qu’ils iraient jusqu’au bout, même frigorifiés.

Pour Michel Boulard, le mouvement est à la hauteur de la conjoncture actuelle, de ce que vivent les salariés dans ce contexte d’inflation.

De fait, le principal client de Novares, l’usine de Toyota d’Onnaing, près de Valenciennes (Nord), voit sa production à l’arrêt depuis mardi 7 mars. Faute de stock, car l’entreprise fonctionne à flux tendu, aucune Yaris ou Yaris Cross, voiture la plus produite en France l’an dernier, ne sort et les 3 600 salariés ont été placés en activité partielle. Toutefois les salariés de Novares ne sont pas responsables des arrêts de fabrication engendrés chez les sous-traitants comme chez les clients, précise la FédéChimie.

Notre mobilisation a eu un effet boule de neige. Et les travailleurs de ces entreprises suivent notre mouvement et nous soutiennent !, se réjouit le délégué FO. Un rapport de force qui semble en faveur des travailleurs, observe-t-il. Alors que la direction ne voulait pas nous parler, on sent qu’ils sont davantage dans le doute depuis la fin de la semaine.

Vendredi 10 mars, les salariés rassemblés en AG ont voté la poursuite de la grève. Signe de leur détermination sans faille. La direction va encore passer un bon week-end, sourit Michel Boulard.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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