Chez Samsung, l’antisyndicalisme rime avec des conditions de travail déplorables

Multinationales par Nadia Djabali

Les pratiques antisyndicales du géant de l’électronique sud-coréen ont été pointées par la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Confédération européenne des syndicats (CES). Également dans le collimateur des deux confédérations : le refus de McDonald’s de négocier avec les syndicats au Royaume-Uni.

Négocier avec les syndicats ? Pas de ça chez Samsung. La multinationale sud-coréenne a été épinglée par la Confédération syndicale internationale et la Confédération européenne des syndicats, à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’Homme. Elles dénoncent conjointement la politique « pas de syndicat » en cours chez le géant de l’électronique. L’entreprise qui emploie plus de 300 000 salariés dans le monde intervient même auprès de ses fournisseurs pour empêcher la formation des syndicats. Une politique qui affecte toute l’industrie électronique asiatique.

Tentatives de suicide et contrats guillotine

Lorsque les travailleurs des usines fournissant des pièces à Samsung, Panasonic, Toshiba, Sanyo et Canon se sont unis pour exiger des salaires et des conditions de travail plus justes, leurs leaders syndicaux ont été limogés. Et le contrat de ceux qui osent se syndiquer est immédiatement déchiré. Les syndicats utilisent l’expression de « contrat guillotine » pour qualifier ce type de situation.

Résultat, les conditions de travail sur les chaînes de montage de Samsung ainsi que chez ses sous-traitants sont déplorables. Les travailleurs sont soumis à des conditions de travail tellement difficiles que, dans certains pays, Samsung a dû réorganiser ses dortoirs pour empêcher les tentatives de suicide parmi ses salariés, déplorent la CES et la CSI.

Un rapport publié en 2016 par la CSI et la fédération syndicale internationale Industriall avait déjà recensé les manquements de l’industriel coréen qui pèse 178 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2015 et 20 % de l’économie coréenne.

Tout autour du monde

Au Brésil, les syndicats font état de conditions de travail dangereuses, de durée du travail excessive, de harcèlement, d’accidents du travail, de condamnation à des amendes pour conditions de travail illégales.

En Corée du Sud : suicides, décès en milieu de travail, accidents du travail, contraction de cancer, exposition à des produits chimiques dangereux, dissimulations d’enquêtes, casse des syndicats, fausse sous-traitance, durée excessive du temps de travail, bas salaires, surveillance des travailleurs, scandales financiers, allégations d’abus de position dominante.

En Indonésie : décès des travailleurs, allégations de licenciement syndical, salaire inférieur à la norme, préoccupations en matière de santé et de sécurité, contrats à court terme, matériaux provenant de mines dangereuses.

En Chine : travail des enfants, travail forcé, heures supplémentaires forcées et excessives, travail non rémunéré, conditions de travail épuisantes, violations des contrats de travail, manque de sécurité des travailleurs, abus verbal et physique, discrimination.

Il ne devrait pas y avoir de place dans une économie moderne pour les entreprises qui refusent de négocier avec les syndicats, a déclaré Luca Visentini, secrétaire général de la CES dans un communiqué intitulé « Samsung et McDonald’s, deux multinationales qui se moquent des droits de l’Homme ». Le secrétaire général de la CES poursuit : La négociation collective entre employeurs et syndicats est le meilleur moyen d’obtenir des augmentations salariales raisonnables qui profitent aux travailleurs, à la productivité de l’entreprise et à l’économie dans son ensemble.

Ça se passe comme ça…

Autre multinationale mise à l’index par la CES et la CSI : McDonald’s. Notamment le sort réservé aux salariés du Royaume-Uni où le géant de la restauration rapide ne négocie pas avec les syndicats. Pour la première fois depuis son implantation Outre-manche dans les années 1970, une quarantaine d’employés de deux restaurants du sud de l’Angleterre se sont mis en grève. Ils ont protesté contre les bas salaires et l’utilisation de contrats zéro heure. Des succursales dans le nord-est et le nord-ouest de l’Angleterre, dans le Yorkshire, en Écosse et au Pays de Galles tentent de monter une structure syndicale dans l’entreprise. Le chemin est encore long à parcourir pour obtenir des conditions similaires aux salariés danois ou allemands. Au Danemark et en Allemagne, les conventions collectives couvrent les restaurants franchisés tous comme les propres établissements de McDonald’s, indique la CSI et la CES.

Samsung et McDonald’s aiment se présenter comme des sociétés modernes et soucieuses de la famille mais leur attitude à l’égard des syndicats est digne du XIXe siècle, conclut Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI. Nous continuerons à les dénoncer jusqu’à ce que les travailleurs jouissent de conditions équitables dans ces entreprises.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante

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