Chez Sasa, les salariés obtiennent une prime supra-légale

Emplois et salaires par Clarisse Josselin

Les salariés de la SASA à Lez Cateau-Cambrésis ont cessé le travail le 14 novembre 2018. © UL FO Cambrai

Sasa, fabricant de matériel de boulangerie basé au Cateau-Cambresis (Nord), a annoncé le 10 octobre la suppression de 33 postes dans le cadre d’un PSE. Après avoir bloqué l’usine le 14 novembre à l’appel notamment de FO, les salariés ont obtenu une prime supra-légale de 10 000 euros bruts par personne licenciée.

Quand j’ai vu la mobilisation des salariés chez Ascoval, je me suis dit nous aussi on doit agir, raconte Yvan Cardon, délégué syndical FO chez Sasa. Le 14 novembre on bloquait le site, le 15 la direction nous appelait pour négocier.

L’entreprise de 219 salariés, implantée au Cateau-Cambresis (Nord), est spécialisée dans le matériel de cuisson pour les boulangeries-pâtisseries. Elle conçoit et fabrique notamment des toiles alvéolées recouvertes de silicone. Elle a été leader mondial dans son domaine.

La direction a annoncé le 10 octobre la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) supprimant 33 postes dès mi-janvier 2019. Cela concerne les deux entités dont Sasa souhaite cesser l’activité pour des raisons économiques : Tréfil’alu (tréfilage) et Bodson (machines de lavage industriel). Le PSE comprend aussi la suppression de postes « indirects » dans les bureaux et le non remplacement de départs déjà effectués.

La direction veut se recentrer sur la boulangerie, le cœur de métier. Dans le secteur Bodson en tout cas, on gagnait de l’argent et on avait encore des commandes importantes, relativise Yvan Cardon, qui ne partage pas la même analyse.

Il a bénéficié du soutien de l’union locale de Cambrai, qui lui a apporté son aide ainsi que des conseils. Les négociations sur le plan social, entamées le 15 octobre, bloquaient sur l’octroi de primes supra-légales. FO revendiquait 20 000 euros bruts par salarié concerné par le PSE tandis que la direction voulait en limiter le montant à 5 000 euros bruts.

Rachat par un fonds d’investissement

Les salariés, qui avaient fait un premier débrayage le 7 novembre, ont été appelés à se mettre en grève le 14 novembre par les syndicats FO, CGT et CFE-CGT. Ils ont bloqué l’accès au site du Cateau-Cambresis, tout en laissant passer les salariés qui souhaitaient travailler. Le lendemain, lors d’une ultime séance de négociation, direction et syndicats sont parvenus à un accord. Les salariés obtiendront une prime supra-légale de 10 000 euros. Avec quatre départs déjà effectués et deux reclassements, ce sont 27 postes qui seront supprimés.

Sasa avait été rachetée en 2016 par le fonds d’investissements français Argos, par LBO. Ce système permet à des fonds d’investissements de racheter des entreprises tout en faisant payer à celles-ci le coût du rachat, via des emprunts qui génèrent des dettes.

Dans le cadre du PSE, les syndicats ont fait appel au cabinet d’expert Synsea. Ils nous ont expliqué qu’Argos nous pompe 5 millions d’euros par an, rien que pour rembourser les intérêts, dénonce Yvan Cardon. Ce n’est qu’à partir de 2023 qu’on commencera à rembourser la dette. Avant on appartenait à Weinberg, un requin aussi. On a été 260 salariés mais depuis l’arrivée des financiers, on est de moins en moins nombreux. L’exemple de la direction, c’est une entreprise en Allemagne qui fabrique des filets de cuisson avec seulement 80 salariés, et des machines.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante