Chez Stellantis, on recrute mais on chôme aussi

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Le constructeur automobile recrute, fort de ses résultats économiques, mais ses usines sont également soumises à des arrêts intempestifs liés à la crise des semi-conducteurs.

Chez Stellantis, la direction annonce le recrutement de 1 200 salariés en 2023 (300 dans la production, 200 en ingénierie et 700 dans les fonctions commerciales). Une bonne nouvelle pour Olivier Lefebvre, délégué central FO. À Poissy par exemple, on n’avait plus recruté depuis 2012. Et c’est aussi grâce à nos analyses, remontées à la direction, que ces décisions sont prises. La pyramide des âges est vieillissante, nos usines se transforment, il faut former de nouvelles catégories de travailleurs et des professionnels plus jeunes.

Mais peu avant, l’entreprise avait aussi mis fin aux équipes de nuit à Sochaux. Ce n’est pas une surprise, assure Thierry Giroux, délégué FO. Les modèles que nous fabriquons sont en fin de vie, il y a moins de commandes. Se met alors en place un jeu de chaises musicales pour replacer les permanents dans les équipes de jour. Certains managers sont parfois déplacés sur un poste de technicien. Un dispositif permet d’amortir la perte de salaire : l’assurance collective contre les aléas de carrière, créée après une grève de 1969 chez PSA. Mais quelque 600 intérimaires ont néanmoins été impactés par la décision.

Neuf jours de fermeture par manque de pièces

La crise des semi-conducteurs vient aussi compliquer la situation. Début avril, privés de pièces durant neuf jours, les salariés de Sochaux ont dû rester à la maison. Grâce au système interne dit de modulation, ils ont pu conserver l’intégralité de leur salaire. Côté intérimaires en revanche, certains contrats arrivant à échéance pendant la fermeture n’ont pas été renouvelés.

Les salariés de l’automobile sont malheureusement habitués à ces stop-and-go, généralement plus brefs, un jour ou deux, avec des décisions annoncées pour le lendemain. C’est la réalité que l’on subit depuis le Covid, confie Olivier Lefebvre. On a essayé de discuter avec les usines pour lisser la production sur la semaine, éviter de faire revenir les salariés le samedi. On trouvait que ça s’améliorait jusqu’à cette nouvelle rupture d’approvisionnement.

Cette crise, mondiale, n’est pas terminée chez les constructeurs automobiles. Il y aura encore des remous, observe Thierry Giroux. Ces jours-ci, Rennes ferme. Et des sites sont impactés en Espagne, en Italie… Et c’est l’indépendance de l’industrie européenne qui est en jeu.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

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