Chimie : grève pour une reconnaissance salariale chez le leader du sodium MSSA

Coronavirus / Covid19 - Pandémie par Valérie Forgeront, FO Chimie

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Article publié dans l’action Coronavirus / Covid19 - Pandémie

En grève depuis le 17 avril à l’appel de FO, les salariés de la production de l’entreprise chimique MSSA, ex-Métaux spéciaux et n°1 mondial de la fabrication de sodium liquide, demandent que reprennent les négociations salariales et que le travail qu’ils n’ont cessé de fournir, malgré la crise, soit reconnu via une prime spécifique. Pour toute réponse, la direction de ce site, classé Seveso, tente de faire cesser la grève.

Ils sont une centaine de grévistes depuis le 17 avril à l’appel de Force Ouvrière. Le 22 avril en matinée, ils ont organisé une manifestation dans la cour de leur usine, derrière les grilles, après avoir badgé et débadgé aussitôt. Les salariés du secteur production (quelque 120 personnes en travail posté) de l’entreprise chimique MSSA (ex-Métaux spéciaux/300 salariés) basée à Plombière-Saint-Marcel en Savoie refusent que la crise Covid-19 fasse passer aux oubliettes la négociation salariale précédemment lancée avec la direction et alors qu’une 3e réunion de NAO devait se tenir mi-avril.

La direction avait annulé ce dernier rendez-vous salarial, suite au décès le 11 avril du père du P-DG. Mais les salariés qui, respectant bien sûr ce deuil, avaient proposé une nouvelle date de réunion (le 17 avril) n’ont toujours pas pu rencontrer la direction laquelle semble vouloir repousser la négociation, a priori pas avant mai.

Or, pour le syndicat FO (majoritaire au CSE et pesant 66% dans le collège ouvriers-employés) il n’y a désormais aucune raison de reporter cette négociation. Chez nous, la direction ne fait pas de cadeaux appuie Norbert Gandon, délégué syndical FO. Pour les salariés de la production quasiment tous en grève, il n’y a donc aucune raison de lui en faire.

La demande d’une prime Covid

D’autant plus, s’insurgent-t-ils, que le personnel du site, créé en 1898, classé Seveso 2 seuil haut pour sa fabrication de produits ultra dangereux (sodium liquide, chlore, eau de javel…) n’a cessé de travailler, malgré la crise et tout en manquant de protection (masques, gel…) pendant plusieurs jours. Les salariés ont dû ainsi saisir l’inspection du travail et les services de la Sécurité sociale pour que la direction de l’usine (l’actionnaire de MSSA est une société japonaise) fournisse du matériel de protection et qu’il y ait une désinfection des postes et ateliers. Cela a été obtenu mais il a fallu batailler indique Pierre Didio, le secrétaire général de l’UD FO de Savoie laquelle apporte un soutien quotidien aux salariés grévistes. Le respect des règles de sécurité a déjà posé problème dans l’entreprise relève le militant rappelant la condamnation à une amende de 320 000 euros, il y a cinq ans.

Alors que la production de l’usine n’a donc pas été interrompue -le faire aurait nécessité d’éteindre les fours ce qui aurait mis en danger l’outil de travail, souligne le syndicat FO-, les salariés demandent plus que jamais une reconnaissance salariale. La direction concède, après les précédentes rencontres, une augmentation générale de 2,1%, la prime défiscalisée à 1000 euros dite prime Macron à laquelle elle ajouterait 200 euros et une augmentation de 0,4% pour les non-cadre.
Le syndicat FO revendique, lui, une augmentation générale des salaires de 2,1 % mais avec un montant plancher de soixante-dix euros, la prime Macron à 1000 euros et, pour la reconnaissance du travail effectué à la production depuis la crise, une « prime covid » de 1000 euros. Ce qui revient à octroyer à chaque salarié de la production « une prime de 20 euros par jour de présence depuis la crise » indique le syndicat.

De beaux bénéfices

La demande syndicale semble d’autant moins insurmontable financièrement pour MSSA que le leader mondial pour la fabrication de sodium, lithium et chlore a enregistré l’an dernier plus de huit millions d’euros de bénéfices rappelle Pierre Didio.

Aujourd’hui, fulmine Norbert Gandon, la direction invoque la crise Covid, l’an dernier elle arguait de la crise du chlore mais cela n’a pas empêché l’entreprise de faire ces bénéfices ! Et en 2018, ils s’élevaient déjà à 5,4 millions d’euros.

La direction entend-elle les revendications ? Pour l’instant, elle utilise cette crise pour ne pas conclure la négociation annuelle sur les salaires s’indigne la fédération FO de la chimie qui a apporté elle aussi son soutien aux salariés. Pire remarquait-t-elle le 22 avril, « dans le but de casser la grève, aujourd’hui, le fonctionnement de l’établissement est assuré par du personnel non formé ». En particulier des cadres.

Alors la grève se poursuit !

Pour la fédération cela relève de l’irresponsabilité et met en danger la santé et la sécurité des salariés, des populations avoisinantes et des installations. Il doit être mis un terme à cette situation sans délai. L’UD FO de Savoie a ainsi saisi la Direccte pour demander la venue sur le site d’un inspecteur du travail.

Les cadres ont été mis à la production. Certains dorment même sur place. Des intérimaires ont été recrutés et deux CDD indique Pierre Didio. Mais comme tout travail, celui des ouvriers de la production chez MSSA ne s’improvise pas… Et ainsi, actuellement, ça court de partout note avec humour Norbert Gandon. Logique, les cadres et autres n’ont jamais fait ce boulot et ce n’est pas trois malheureuses heures de formation qui peuvent suffire. D’ailleurs, remarque-t-il, la Direction a baissé l’intensité du travail et il y a une baisse de la production. En revanche s’insurge Pierre Didio, la direction remplit les plannings de manière étrange. Récemment, trois salariés étaient inscrits pour seize heures de travail d’affilé.

Sollicitée par FO pour une nouvelle réunion salariale, la direction a fait connaître sa réponse le 23 avril via sa direction des ressources humaines. Le DRH veut bien rencontrer les salariés ce vendredi 24 avril à 10 heures … Mais il ne veut pas évoquer les revendications, s’indigne le secrétaire général de l’UD. Donc FO va refuser cette réunion, le syndicat poursuivra son action pour obtenir une vraie reconnaissance salariale et en ne cédant pas à la direction visant à contourner cette grève qui aura débuté en pleine période de confinement.

Une cagnotte a été mise en ligne pour soutenir les camarades FO en grève - https://www.leetchi.com/fr/c/57Znm2gw

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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