Chômage : champion toutes catégories, halo quoi...

Revue de presse par Michel Pourcelot

S’appuyant sur des chiffres publiés le 25 octobre par le ministère du Travail, le gouvernement s’est félicité d’une baisse historique du chômage et de l’inversion de sa courbe, laissant septiques opinion et médias face aux chiffres en dents de scie qui ne cessent de se succéder. Entre courbes et catégories, comptes et décomptes, tentatives d’y voir clair.

Le Point
Les courbes affichées ne séduisent guère : La récente baisse du nombre de chômeurs n’y change rien. Huit Français sur dix (82 %) ne pensent pas que la courbe du chômage va s’inverser, et si cette inversion devait se produire dans les mois à venir, cela n’améliorerait pas l’opinion de trois quarts d’entre eux sur l’actuel locataire de l’Élysée, d’après un sondage Odoxa publié ce vendredi 28 octobre.

Sud Ouest
Il est possible qu’une dent de scie leur soit restée en travers de la gorge : La forte hausse des personnes inscrites à Pôle emploi en août avait fait l’effet d’une douche froide : +50 200 demandeurs d’emploi sans activité et un total de 3,56 millions de chômeurs en métropole. Une flambée jamais vue depuis janvier 2013, survenue après un mois encourageant. En cause, selon le gouvernement, les attentats de juillet qui ont affecté le secteur du tourisme, ainsi qu’un aléa statistique lié aux défauts d’actualisation à Pôle emploi, inhabituellement bas. On ne saurait jamais assez prévenir du danger des radiations...

Ouest France
Le nombre de personnes désinscrites pour défaut d’actualisation fluctue d’un mois sur l’autre, jouant tantôt à la hausse tantôt à la baisse sur les chiffres mensuels de Pôle emploi. En septembre, 238 900 personnes ont quitté Pôle emploi pour ce motif, soit 66 500 de plus qu’en août et autant de personnes en moins sur les listes.

L’Usine Nouvelle
La catégorie D, elle, s’est gonflée : La catégorie D, qui comprend les demandeurs d’emploi entrés en formation, se maintient au-dessus du seuil de 300 000 personnes franchi en juin. Sur le mois de septembre, la catégorie D connaît une baisse de 0,2%. Toutefois, cette catégorie a connu une très forte augmentation de 16,4% sur l’année.

Capital
Béaba de bonnes stats, le bilan ABC s’est pourtant enflé en un an : Depuis l’accession au pouvoir de François Hollande en mai 2012, le nombre total de chômeurs de catégories (A, B et C) a augmenté de 1.160.300 ! A cette époque, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C s’établissait en effet à 4 621 000 en France, y compris les Dom-Tom.

Le Nouvel Obs
Depuis justement les DOM-TOM, la ministre du Travail s’est pourtant félicitée, le nez dans le guidon des chiffres de septembre. Pour elle, cette stabilité du nombre d’inscrits en catégorie D reflète le fait que le dynamisme des entrées en formation est compensé par une augmentation concomitante du nombre de sorties de formation. La baisse globale du nombre d’inscrits à Pôle emploi au mois de septembre est donc essentiellement liée à l’amélioration du retour à l’emploi, indique-t-elle. Un bilan globalement positif, sans doute.

Le Monde
Avis guère partagé dans les DOM-TOM où la ministre du Travail a du annulé sa visite à l’agence de Pôle emploi de Saint-François prévue vendredi 28 octobre matin, a annoncé la préfecture de Guadeloupe jeudi. Arrivée en Guadeloupe mercredi, Myriam El Khomri a été chahutée par quelques salariés grévistes de Pôle emploi, mercredi après-midi, aux Abymes alors qu’elle échangeait avec des bénéficiaires de la Garantie Jeunes, selon les médias locaux. Les manifestants avaient fait irruption dans la salle de réunion, hurlant notamment que la Garantie jeunes, c’est la précarité, selon la même source. Précarité, vous avez dit précarité ? Halo, quoi...

L’Express
Car, « jugés plus révélateurs » sont les chiffres Insee qui mesurent le halo du chômage, ce 1,5 million de personnes souhaitant travailler mais pas comptabilisées comme chômeurs. Selon une étude de France Stratégie, ce halo a augmenté, de même que le sous-emploi (temps partiel subi), et la dualité du marché du travail entre l’emploi en CDI et les contrats courts ne cesse de s’accentuer depuis dix ans, au détriment des plus précaires.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante