Chômage : une courbe peut en cacher d’autres

Revue de presse par Michel Pourcelot

L’examen des courbes du chômage a été une nouvelle fois la préoccupation de la presse après la publication des chiffres officiels par le ministère du Travail, le 24 août. Aperçus.

Libération
Cachez cette catégorie que je saurais voir : « la catégorie D, qui regroupe, entre autres, les chômeurs en formation, et qui passe d’habitude plutôt inaperçue, commence à frétiller, avec +10,1% d’inscrits sur trois mois, pour atteindre le chiffre record de 308 900 personnes. Une bonne chose pour les chômeurs qui se forment, une aubaine pour le gouvernement, qui voit les chômeurs de catégorie A migrer vers la D. C’est, en partie, le sens du plan de 500 000 formations lancé en début d’année par l’exécutif ». Comme quoi la formation agit sur la forme… des courbes.

Ouest-France
Au bout du compte, « le chômage augmente donc même si, d’un mois à l’autre, la catégorie A varie dans un sens ou dans l’autre. La réalité, c’est que les jeunes en formation passent de la catégorie A à la catégorie D. Il ne faut donc pas s’arrêter au seul chiffre de la catégorie A du seul mois de juillet ! ».

Le Parisien
Il y en a même qui font de la résistance : « le chômage est en hausse en Essonne. Selon les chiffres officiels publiés ce mercredi, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s’établit fin juillet à 58 750 en Essonne, soit une augmentation de 1,6 % sur un an. Les hommes s’en sortent toujours "mieux " que les femmes, la progression pour ces dernières étant de + 3,3 % sur un an contre + 0,2 % pour les premiers sur la même période. L’augmentation est encore plus importante pour les demandeuses d’emploi de catégorie A âgées de 50 ans ou plus (+ 4,7 %), contre + 2 % pour les hommes ». Bref, cela ne va pas mieux pour les femmes de 50 ans et plus. Et quand cela va mieux, c’est moins bien pour les jeunes femmes : « Chez les demandeurs d’emploi âgés de moins de 25 ans, ce sont aussi les jeunes hommes qui s’en sortent le mieux (-4,5 %), que les jeunes femmes (+ 1,6 %) ».

L’Obs
Car au niveau national : « Il y a eu une politique ciblée sur la jeunesse, c’est indéniable. Et le chômage des jeunes baisse depuis plus d’un an maintenant. Grâce aux emplois aidés puis aux efforts sur la formation commencés en mai. Cette deuxième tranche d’aide produit ses effets depuis deux mois et apparaît donc aujourd’hui dans les chiffres du BIT. Un jeune en formation sort mathématiquement du chômage ! » explique Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE. La jeunesse forme le chômage, du moins dans ses courbes.

Le Monde
Une jeunesse qui pourrait bien elle aussi pâtir d’une crise de croissance car « Reste à savoir si le trou d’air macroéconomique ressenti au deuxième trimestre (croissance zéro) ne risque pas d’avoir un effet néfaste sur l’emploi dans les mois à venir, les chiffres de la croissance ayant toujours un effet décalé sur l’emploi. "Alors que l’année avait bien démarré, tous les voyants économiques sont passés dans le rouge entre avril et juin : consommation des ménages, investissement des entreprises, exportations", rappelle Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas ». Quand le gouvernement désigne un chiffre, le sage regarde les autres.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante