Christophe Bassons : le chevalier blanc

Tour de France 2021 par Christophe Chiclet, L’inFO militante

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À 47 ans aujourd’hui, Christophe Bassons a toujours refusé de se doper. Pour cette prise de position courageuse, il a été ostracisé, dénigré et menacé. Il a su résister. Aujourd’hui le sport cycliste est beaucoup plus propre. Grâce à lui, entre autres.

« Babasse », ou « Monsieur propre » est né à Mazamet, comme Laurent Jalabert. Diplômé en génie civil, il commence sa carrière cycliste en 1991 dans le VTT. En 1996, il rejoint l’équipe Festina qui est rattrapée par le dopage lorsque la gendarmerie saisit une voiture de l’équipe chargée de 400 flacons de produits dopants en 1998. C’est le fameux épisode des Guignols de l’information avec ce pauvre Richard Virenque dopé « à l’insu de son plein gré ».

À l’époque, seuls trois coureurs de chez Festina (Christophe Bassons, Patrice Halgand et Laurent Lefèvre) n’étaient pas « chargé comme des mules », c’est à dire piqués, drogués, transfusés, mais couraient à « l’eau claire », sans dopage.

Cette année-là, Festina lui propose de décupler son salaire mensuel s’il accepte de prendre de l’EPO. Mais l’homme est têtu et incorruptible. Il refuse. En 1999, il rejoint l’équipe française, La Française des Jeux, et participe à son premier Tour de France. Connu pour être un mouton noir dans le peloton, car propre, il est déjà regardé de travers dès le départ de la grande boucle.

Bassons contre Armstrong

Dans l’étape du 14 juillet du Tour 99, Sestrières-Alpe d’Huez, la reine des étapes, « Babasse » part en solitaire, clouant le peloton. Mais rapidement, Lance Armstrong, le boss, (dont une enquête ultérieure confirmera qu’il a utilisé des substances dopantes pendant toute sa carrière) le rejoint. Il lui pose la main sur l’épaule et lui dit simplement d’arrêter ce Tour, mais aussi le cyclisme, finissant par un « fuck you ». Vu les enjeux et l’argent généré, il s’agit ni plus ni moins d’une menace de mort.

En 2000-2001, Bassons passe dans une plus petite équipe pro, mais aux 4 jours de Dunkerque de 2001, des concurrents vont tenter de le faire chuter. Il quitte alors le cyclisme pro, passe au trail et au VTT marathon où il deviendra un des meilleurs français.

En 2011-2012, le scandale Armstrong éclate. Le plus grand tricheur du sport est déchu de ses sept titres et il vient s’excuser en personne devant Bassons en octobre 2013, année où le chevalier blanc obtient l’Ordre national du mérite. Jusqu’en 2019, il a travaillé au département de contrôle de l’Association française de lutte anti-dopage. Bravo champion !

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération