Le monde du travail, un monde de rêves ? La réalisatrice de documentaire Sophia Bruneau s’est penchée sur la question en s’inspirant de l’ouvrage Rêver sous le IIIe Reich, écrit par la résistante allemande Charlotte Beradt (1907-1986), qui collecta des témoignages sur la façon dont le totalitarisme hitlérien envahissait jusqu’au sommeil des Allemands, pénétrant la sphère la plus privée. Avec Rêver sous le capitalisme, primé au Cinéma du Réel 2018, Sophia Bruneau, suivant cette même démarche, a réuni les récits de rêve de douze personnes qui racontent comment l’univers du travail s’est immiscé jusque sur l’oreiller, au cœur de leurs repos.
Guerre économique et post-traumatisme nocturne
Déjà connue notamment pour Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés (2006), la réalisatrice se demande quelle est la peste aujourd’hui
? Et de répondre : peut-être le travail. Et notamment cette guerre économique qu’on nous donne pour une guerre sainte et dont le nerf est la compétitivité. Ce sont aussi ces nouvelles formes d’organisation du travail qui sont engendrées par des pratiques de gestion néo-libérales qui sont apparues, disons au milieu des années 80
. Pour elle le point de départ de Rêver sous le capitalisme a été de raconter la dégradation que le capitalisme fait subir aux gens à travers les nouvelles formes d’organisations de travail qu’on retrouve dans l’ensemble des secteurs d’activités à travers des pratiques généralisées.
Rêver sous le capitalisme, film documentaire de Sophia Bruneau. Sortie dans les salles le 12 décembre 2018. |