Un jour on aura des chiottes en or et du parfum qui coûte une blinde
s’amusent quatre femmes de ménage dans les toilettes infâmes d’une usine anonyme. Karine, Maryse, Djamila et Adèle travaillent sur le rivage de l’étang de Berre, à Martigues. En équipe, elles dépoussièrent, briquent, savonnent et font briller, toutes les nuits, les locaux d’entreprises diverses où les mène le bus affrété par leur employeur. Sur fond de mouvement des Gilets jaunes, les quatre copines bossent dur. Mères, grand-mères, épouses, filles, elles partagent les galères, s’amusent et s’entraident autant que possible. Comme souvent dans ce secteur, leur entreprise est rachetée par un « spécialiste des entreprises en difficulté ». Celui-ci cherche à leur imposer des conditions de travail encore plus contraignantes. Le nouveau contrat qu’il leur propose va être l’occasion de découvrir les fragilités de Karine, nouvellement élue représentante du personnel, et de voir émerger ses propres forces.
En entreprise la peur d’être mal vu, déclassé, renvoyé

Brillantes est le premier long-métrage de Sylvie Gautier. Cette réalisatrice s’est auparavant illustrée dans la production de documentaires. Une expérience qui transparaît à travers sa volonté de coller au plus près de la réalité de ces quatre femmes piégées dans un métier très dévalorisé, souvent saisi comme une bouée de sauvetage, parce qu’il faut bien gagner sa vie – même si, au bout du compte, elles finissent par l’apprécier. Sylvie Gautier voulait montrer cet univers de travailleurs précaires sur lesquels il est tentant de faire pression : En entreprise, les gens ont du mal à dire non à leur employeur, à s’exprimer, à se dévoiler,
Quatre portraits de femmes d’aujourd’hui
Karine, mère célibataire, qui s’appuie sur son fils de 17 ans pour combler ses fragilités est interprétée avec subtilité et sensibilité par Céline Sallette (vue notamment dans Rouge de Farid Bentoumi où elle interprétait une journaliste découvrant comment une usine chimique expose ses ouvriers et tout son environnement à des déchets toxiques, et dans L’Apollonide). Au casting également, Eye Haïdara (Le sens de la fête), Camille Lelouch, Julie Ferrier et Souad Hamidou, composent des portraits de femmes d’aujourd’hui, rigolotes et provocantes, militantes et combatives, solidaires et en quête d’émancipation.
Un film social et profondément touchant, qui a été récompensé par le Prix du public au festival du film de Demain et distingué au titre de meilleur film et meilleure réalisatrice au Female Film Makers de Berlin. Il y a du Ken Loach dans ce long métrage, filiation dont la réalisatrice se revendique, même si l’espoir y est davantage au rendez-vous. J’ai voulu montrer aussi que, quelle que soit sa situation, il est quand même possible de reprendre du poil de la bête et retrouver une certaine maîtrise de sa vie
, précise Sylvie Gautier.