Henri a toutes ses annuités, mais son boulot c’est toute sa vie et il n’a pas du tout envie de le quitter. Clémence, jeune recrue de l’entreprise de papiers peints pour laquelle tous deux travaillent est chargée de le convaincre de partir, sous peine de voir son CDI compromis. Car l’homme plombe l’image de la boîte
. Mais cet « homme debout » refuse de plier.
Un sujet pour le moins original compte-tenu de la réforme des retraites qui rythme toujours l’actualité. Mais finalement pas tant que cela. Pour que la plus jeune trouve sa place, le plus âgé doit quitter l’activité. Jacques Gamblin campe un représentant de commerce à l’ancienne mais parfaitement en phase avec ses clients. Il court les départements de sa zone en vantant les mérites de sa collection de papiers peints auprès de petits commerçants de province. Même si le futur ce sont les plateformes et la vente à distance, tout cela en quelques clics et sans bouger de son fauteuil. Zita Hanrot est cette jeune professionnelle prise entre le besoin de travailler pour aider sa famille et l’injustice de la mission qui lui est assignée.
L’entreprise entre deux mondes
C’est une entreprise entre deux époques qui est dépeinte, sommée de se moderniser par un manager peu scrupuleux et en quête de promotion. On fait la connaissance de travailleurs d’aujourd’hui, stressés, pressés par le temps et le besoin d’argent. Tandis qu’Henri, salarié historique, dans la boîte depuis sa création, prend le temps de tendre l’oreille à ses clients et se compare au Rimbaud voyageur de commerce.
La réalisatrice, Laurence Vignon, a longtemps travaillé avec Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon, Le Bleu des villes, Une vie, Quelques heures de printemps). Elle offre ici une adaptation du roman de Thierry Beinstingel, Ils désertent, qui a salué le résultat de son travail : Écrire sur notre quotidien au travail est assurément complexe, mais le transposer au cinéma est un défi plus grand : il s’agit de rendre bouleversant ce qui compose l’ordinaire de la vie.
Cela fonctionne puisqu’on s’attache rapidement aux deux protagonistes et à leurs particularités, même si l’intrigue évolue peut-être un peu trop rapidement.
L’Homme debout, 86 minutes, en salle depuis le 17 mai, coproduction Easy Tiger, Orange Studio, Les films du printemps et Auvergne Rhone-Alpes Cinéma. |