[Cinéma] La Mort de Staline : mdr

Culture par Michel Pourcelot

Il ne faut pas chercher dans ce film la description du mécanisme sophistiqué d’une dictature mais une farce ubuesque dont les anecdotes sont véridiques. Sorti le 4 avril, La mort de Staline dure : le film est en troisième semaine à travers le pays.

Le dictateur est mort laissant désemparé son entourage. Que faire ? Surtout quand on a engrangé des attitudes réflexes, entièrement dévouées au maître. En appeler à la science ? Ce 5 mars 1953, le pays se trouve en plein désert médical, suite à la purge dans ce milieu due à la paranoïa du « Petit père des peuples ». Pendant les deux jours où la nouvelle est tue, les trahisons et les coups tordus parsèment les couloirs du pouvoir soviétique. Les anecdotes kafkaïennes se multiplient à un rythme si soutenu que, malgré anecdotes véridiques et reconstitutions soignées, le film n’en profite pas pour démonter les mécanismes d’une dictature, qu’il soient économiques ou psychologiques. La farce est à l’anglaise, avec force absurde et humour noir, style les Monty Python à Moscou. Sous les ors du Kremlin évoluent des personnages grotesques mais terriblement dangereux tels que Beria, qui a la main mise sur les œuvres de basse et haute police.

D’après une BD française

Le réalisateur, Armando Iannucci, n’en est pas à sa première satire politique. Il en est même, dans le monde anglophone, devenu un représentant émérite du genre avec ses séries Veep et The Thick of It et surtout le long-métrage The Loop (2009), dans lequel il s’attaquait au déclenchement de la guerre en Irak, présenté comme la résultante d’un simple embrouillamini de com’ entre services. On retrouvait déjà une collection de personnages à la limite de l’inconséquence, conjuguant machiavélisme et maladresse dans les jongleries du pouvoir. Cette fois-ci, le cinéaste britannique a adapté une BD française du même nom (deux tomes chez Dargaud, 2011-2012). Signée de deux Français, Thierry Robin, l’auteur de la série Rouge de Chine (Delcourt, 1991-1998), et Fabien Nury, scénariste des six tomes d’Il était une fois en France (Glénat), prix de la meilleure série au Festival international de la BD d’Angoulême en 2011, elle faisait moins rire.

 

La Mort de Staline (The Death of Stalin), long-métrage réalisé par Armando Iannucci, interprété principalement par Simon Russell Beale (Lavrenti Beria), Steve Buscemi (Nikita Khrouchtchev), Rupert Friend (Vassili Staline), Olga Kurylenko (Maria Youdina), Michael Palin (Viatcheslav Molotov), Jeffrey Tambor (Gueorgui Malenkov), et Adrian McLoughlin (Joseph Staline). Scénario d’après la bande dessinée La Mort de Staline de Fabien Nury et Thierry Robin. Durée : 1h48. Sorti le 4 avril 2018.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante