[Cinéma] Le « poète industriel » connaissait la chanson

Culture par Michel Pourcelot

Fils d’émigrés républicains espagnols, fidèle à ses origines ouvrières, Etienne Roda-Gil a néanmoins écumé les Sargasses du show-biz français. Il est le sujet du documentaire On l’appelait Roda, sorti le 31 octobre 2018.

Joe le Taxi, La cavalerie, Alexandrie Alexandra... Des interprètes forts différents pour Etienne Roda-Gil, parolier peu banal de la variété française, disparu en 2004, à qui la réalisatrice Charlotte Silvera (Louise l’insoumise, 1988, Prisonnières, 1998...) a consacré un documentaire sorti en salles le 31 octobre 2018. Roda-Gil avait d’ailleurs écrit spécialement pour un film de cette dernière Les Filles, personne ne s’en méfie, une chanson intitulée La dérive. Lui qui navigua dans le show-biz sur une ligne gainsbourienne, sans autre cap que d’avoir ni foi ni loi en lui, que d’utiliser son système jusqu’à imaginer un opéra-variétés sur le Front populaire.

Haute voltige

Parsemant ses textes de mots abscons et mystificateurs ou de flashs très subjectifs, Roda-Gil se construisit un personnage de parolier d’exception dans le monde acculturé de la variété française. Glissant sur les banquettes de la Closerie des Lilas, à qui il laissa une ardoise à la hauteur de ses mots voltigeurs, l’anar à la bonne fortune, auto-défini poète industriel, pouvait écrire pour sa fille Alma : N’aie pas peur / Si nous restons des travailleurs / Notre force, un jour, fera des jours meilleurs.

 

On l’appelait Roda, documentaire de Charlotte Silvera. Durée : 1h37. Sortie en salles : 31 octobre 2018.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante