[Cinéma] Le Vent du Nord souffle aussi dans le Sud

Culture par Michel Pourcelot

Le long-métrage de Walid Mattar, sorti le 28 mars, est bien plus qu’un nouveau film abordant la délocalisation. C’est une unicité, de la Manche à la Méditerranée, face aux vents contraires.

D’un fait de société de plus en plus courant, une usine délocalisée, le jeune réalisateur tunisien Walid Mattar a, avec son long-métrage Vent du Nord, raconté le destin de deux hommes, confrontés à la même machine d’une chaîne de fabrication. L’un dans le Nord de la France, l’autre à Tunis. Deux hommes, une même machine. Des rêves différents, une même dignité. Que ce soit dans une petite bourgade près de Boulogne, en bord de Manche, ou dans la banlieue sud de Tunis, au bord de la Méditerranée, où l’usine française a été délocalisée. Dans les deux cas, la mer apporte l’illimité à ces rêves des damnés de la terre qui se heurtent aux limites sociales.

Ressemblance...

Pour faire vivre ses deux récits autour d’une même mécanique, le réalisateurs s’est appuyé principalement sur les comédiens Philippe Rebbot et Corinne Masiero, déjà vus dans des films dits « à fibre sociale », pour le côté français, ainsi que sur le rappeur Mohamed Amine Hamzaoui et l’actrice Abir Bennani, figures connues en Tunisie où le film a rencontré le succès. Au journal La Voix du Nord le réalisateur, qui a coscénarisé son film avec Claude Le Pape et Leyla Bouzid, jeune réalisatrice tunisienne, raconte : J’ai grandi à Tunis, j’ai vécu en France, à Paris, d’abord, puis quelque temps à Wimereux [Pas-de-Calais]. Ce qui m’a frappé, c’est cette ressemblance des problématiques quel que soit le lieu. Les liens familiaux sont les mêmes, la vie de quartier aussi, l’appartenance à une classe sociale : j’ai retrouvé à Wimereux les mêmes ingrédients qui ont participé à mon enfance à Tunis. Les classes populaires se ressemblent beaucoup mais ne se connaissent pas, tout simplement.

Vent du Nord, long-métrage réalisé par Walid Mattar et interprété notamment par Abir Bennani, Mohamed Amine Hamzaoui, Kacey Mottet Klein, Corinne Masiero et Philippe Rebbot. Durée : 1h29
Sorti dans 73 salles françaises le 28 mars 2018.

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante