[Cinéma] « Working Woman », un film israélien sur le harcèlement au travail

Idées par Christophe Chiclet

Le harcèlement moral au travail est une véritable gangrène, depuis longtemps dénoncé par les syndicats. Mais en plus, pour les femmes ce harcèlement moral se double bien souvent d’un harcèlement sexuel particulièrement odieux, héritier du « droit de cuissage » des seigneurs du Moyen âge et qui perdurait dans les usines et les ateliers au profit de sombres contremaîtres. Pratique toujours d’actualité dénoncée avec brio par la réalisatrice israélienne Michal Aviad, dans un pays où le poids de la religion et du machisme est toujours très fort.

La jeune Orna vient juste d’être embauchée chez un promoteur immobilier comme nouvelle assistante pour un prometteur projet sur les bords de la Méditerranée. Brillante, compétente, dynamique, la jeune employée a tout pour elle. Benny, son patron y voit une proie qu’il ne va plus lâcher, lui promettant promotions et augmentations vu ses premiers succès auprès d’acheteurs français.

L’engrenage

Quand elle rentre à la maison, cette jeune mère de famille doit s’occuper des enfants, des repas, des corvées domestiques et remonter le moral d’un mari qui vient tout juste d’ouvrir un restaurant et qui ne s’en sort pas, par manque d’argent et de temps. Impossible donc d’en parler à ce compagnon.

Le film montre combien une jeune femme solide, intelligente, se retrouve prise au piège de son patron ; inerte, sidérée au point de ne pouvoir poser des mots sur ce qu’il lui arrive, voire même d’occulter son calvaire. Elle se désagrège petit à petit car son supérieur ne relâche jamais la pression, entre chantage, gestes et mots déplacés. Tout l’art de cette réalisatrice tient dans cette tension nourrie de détails, jusqu’à l’assaut explicite ne laissant aucun doute. Ce scénario reposant sur une expérience réelle est au carrefour de la chronique sociale, du conte moral et du suspense.

« Working Woman » de Michal Aviad, avec Liron Ben Shlush, Menashe Noy et Oshri Cohen ; 1h32. En salle depuis le 17 avril.

Avant première

Costa Gavras, le grand réalisateur grec à qui l’on doit l’incontournable film « Z », se replonge plus de cinquante après sur une autre crise qui frappe son pays. Il tourne actuellement à Athènes, à l’âge de 85 ans, l’adaptation du livre de l’éphémère et combatif ministre des finances de la Gauche radicale-Syriza, Giannis Varoufakis : « Conversations entre adultes, dans les coulisses de l’Europe ». Ce dernier tenta sans succès de s’opposer à l’austérité imposée à son pays par la Troïka (FMI, Banque centrale européenne et Commission de l’UE) en 2015. Varoufakis y dénonce l’intransigeance des Allemands, des Hollandais et des Danois et le lâchage de la France.

La sortie de ce film est prévue pour la fin de cette année. Dès 2014, Gavras avait d’ailleurs déclaré que l’UE étoufferait l’expérience grecque qui risquerait de faire tache d’huile.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante