Claude Jenet - 1942-2014

Entre militants

Claude Jenet nous a quittés. Depuis plusieurs années il luttait contre plusieurs maladies qui l’avaient déjà contraint à cesser plus tôt qu’il ne l’aurait voulu son mandat de secrétaire confédéral. Originaire du Limousin, fonctionnaire des finances, Claude a été Secrétaire général de l’union départementale de la Haute-Vienne, membre de la Commission exécutive confédérale et Secrétaire confédéral de 1980 à 2000.

Incontestablement, il aura profondément marqué la CGT-Force Ouvrière.
Il aurait d’ailleurs pu en être le secrétaire général.

Pour lui, la liberté, l’indépendance, la révolte contre les injustices, la force de la lutte des classes, la démocratie et la république n’étaient pas que des slogans, mais des principes et une pratique.

Toutes celles et ceux qui l’ont connu ont pu apprécier son humanisme et sa chaleur, ses coups de gueule et sa gentillesse.

À titre personnel, je perds un être proche, un grand frère qui m’a beaucoup appris, comme il aura appris à plusieurs générations de militants.

Aujourd’hui je pense à son épouse Nicole, à ses filles Carole et Christine, à ses petits-enfants et à sa famille.

Claude, avec tes convictions, ta détermination, tes réalisations et tout simplement ta personne, tu auras marqué, au-delà de Force Ouvrière, la classe ouvrière que tu as défendue jusqu’au dernier jour.

Jean-Claude Mailly
Secrétaire général

L’inacceptable
« J’avais coutume de rappeler que j’appartenais à une génération qui, pour la première fois depuis 1945, ne serait pas en mesure de maintenir pour ses propres enfants le niveau de garanties collectives qui existait lorsque mes parents, par exemple, m’ont lancé dans la vie active.
Drôle de société où la loi du fric l’emporte sur la solidarité, où l’individuel supplante le collectif.
Malgré l’habitude [...] et les ans, cette situation-là je ne l’accepte pas, tout simplement parce qu’elle est inacceptable. » Claude Jenet

L’indépendance
« N’oubliez pas, le syndicat n’appartient pas à ceux qui le dirigent, mais il est l’outil dont se sont dotés les salariés pour se défendre contre toutes les formes d’oppression. Quand, en février 1960, pour la première fois, j’ai pris ma carte syndicale, c’est vers la CGT-FO que je me suis tourné. Non seulement je n’ai jamais regretté ce choix, mais si c’était à refaire je referais le même choix, celui de l’indépendance syndicale et de l’appartenance à une organisation de classe. » Claude Jenet (Congrès confédéral, mars 2000)

La révolte
« Même après vingt ans de Bureau confédéral, je demeure un révolté, quelqu’un qui refuse de subir comme inéluctables les évolutions actuelles de la société. Rien n’est inéluctable si l’on se bat.
Battez-vous camarades, refusez de subir. Comme l’exprime souvent notre secrétaire général, soyez rebelles, relevez la tête. Debout camarades ! Ayez cette fierté militante qu’apporte l’appartenance à une organisation, à cette force organisée qu’est notre CGT-FO, la seule qui reste un véritable syndicat. » Claude Jenet

Claude Jenet est né le 25 février 1942 à Limoges. Reçu au concours d’agent de recouvrement des services du Trésor, il est nommé à la perception du centre hospitalier régional. En 1963, il est animateur des jeunesses syndicalistes FO de la Haute Vienne. En 1966, il entre au bureau de l’Union départementale. Deux ans plus tard, il en est Secrétaire général adjoint et, en 1970, il est élu secrétaire général. Il siègera ensuite à la Commission exécutive confédérale, à partir de 1974, avant d’être élu membre du Bureau confédéral, en 1980, à l’issue du XIVe congrès confédéral de la CGT FO à Bordeaux, congrès qui réunissait 2 745 délégués.

Passionné de cyclisme, Claude Jenet, avec Roland Raignoux (alors secrétaire de l’UD FO de l’Indre) avait commencé par organiser une épreuve cycliste ouverte aux professionnels, « le Grand Prix du Muguet » qui reliait Châteauroux à Limoges. Arrivé au Bureau confédéral il réussira dès 1980 à convaincre Félix Lévitan, directeur du Tour de France, d’installer deux voitures aux couleurs de FO au sein de la caravane du Tour de France. C’est ainsi que l’été dernier, FO effectuait son 34e tour de France. Claude Jenet, comme responsable du secteur Presse de la confédération, de 1980 à 1996 (date à laquelle il prend la responsabilité de l’organisation) aura lui-même suivi ainsi chaque année quelques étapes du Tour de France dans la voiture de presse de FO Hebdo.

Lorsqu’il quitte le bureau confédéral, lors du congrès confédéral de Marseille en 2000, Claude Jenet n’en finit pas avec son activité militante. Il deviendra responsable des retraités FO de l’Union départementale du Vaucluse, département qu’il avait choisi pour sa retraite, et est toujours demeuré actif et disponible auprès des syndicats et des militants FO de ce département.