Comptes 2015 de La Poste : Hausse du résultat, baisse de l’emploi

Service Public par FO COM

Communiqué de FO Communication

Les chiffres clés de La Poste pour 2015 viennent d’être communiqués. Avec un résultat d’exploitation en hausse de 22% (875 M€) et un bénéfice net en augmentation de 24% (635 M€), l’amélioration des comptes est tangible. La Poste améliore notablement sa trésorerie (671 M€) et dégage un indicateur de santé économique de 498 M€. Rappelons qu’en 2014, La Poste affichait une trésorerie négative.

Ces résultats, aussi positifs qu’ils soient, ne doivent pas occulter la manne du CICE de 350 millions d’Euros mais aussi et surtout, hélas, la suppression de 7200 emplois.

Pour le courrier, même si la chute des volumes continue et s’accélère en 2015 (- 6,5%), cette branche d’activité voit son résultat d’exploitation bondir à 533 M€ soit 231 M€ de plus qu’en 2014. L’augmentation des tarifs de 7% appliquée au 1er janvier 2015, associée à une baisse drastique des effectifs, expliquent ce paradoxe. Notons que l’effet bénéfique de la hausse des prix sur les résultats du courrier s’amenuisera dès l’année prochaine et seul « l’ajustement des effectifs », selon l’expression de La Poste, pourra compenser la baisse des volumes. Cette solution est d’ailleurs préconisée en creux par le dernier rapport de la Cour des comptes qui montre ainsi le chemin d’un déclin accepté tout en remettant en cause le modèle du service public postal.

Concernant La Banque Postale, dans un contexte de baisse des taux et de croissance atone, la météo pour le monde bancaire est loin d’être favorable. La Banque Postale résiste avec une très légère augmentation de son résultat d’exploitation de 1,1% (851 M€) et un PNB de 5809 M€ en 2015, quasi constant par rapport à celui de 2014. La Banque Postale affiche des ratios de solvabilité supérieurs aux exigences européennes, soit 13,2 % (CET1) au lieu des 9,5 % règlementaires. Après avoir fêté ses dix ans, La Banque Postale demeure un pilier de La Poste et reste la première contributrice aux bénéfices du Groupe.

GéoPost poursuit son développement avec une augmentation de son chiffre d’affaires de 9,1% (456 M€) et un résultat en progression de 2,8% (hors impact de l’amende de 144 M€ infligée par l’Autorité de la concurrence). Cette croissance dans le domaine du colis, où le commerce via internet progresse d’année en année, valide la politique de croissance externe entreprise par cette branche notamment au Royaume Uni. On peut déplorer que la politique d’austérité mise en place dans l’Hexagone restreigne les possibilités d’investir en France. Il faut aussi être conscient que les rachats, fusions et autres acquisitions effectués par les géants du colis (Fedex, DHL, UPS..), sans oublier Amazone, annoncent de terribles batailles de concurrence.

Pour le réseau La Poste, on constate une baisse de fréquentation des bureaux de poste de l’ordre de -4,2%. Aussi pour FO Com, il faut renforcer l’attractivité des bureaux de poste notamment en poursuivant la mutualisation des services administratifs offerts au public au sein des établissements postaux ; particulièrement dans les campagnes où la population souffre de l’éloignement, pour ne pas dire de l’absence des services publics. A force de considérer les bureaux de poste comme une simple structure support, les dirigeants de l’entreprise en n’oublieraient presque que le chiffre d’affaire de La Poste passe par les bureaux de poste.

Le numérique  : pour mémoire, cette branche a été créée par l’ancien président Bailly en concomitance avec la création d’un ministère du numérique. Le chiffre d’affaires annoncé est de 560 M€ pour un REX de -14 M€. Il est clair que si le numérique présente des potentialités de développement, ceux-ci sont très loin de compenser les risques de baisse sur les autres activités. FO Com attend une politique plus offensive dans ce domaine.

Conclusion, si le bilan financier de 2015 de La Poste est meilleur que celui de 2014, FO Com rappelle que derrière ces chiffres, il y a des postières et des postiers qui chaque jour contribuent à ces résultats. Depuis des années, ils subissent réorganisations sur réorganisations et voient leurs conditions de travail se dégrader au nom du toujours plus avec toujours moins.

La Poste se garde de mentionner le processus alarmant des suppressions massives d’emplois : -7 200 en 2015, -6 864 en 2014…, au total ce sont 21 625 emplois qui ont été supprimés en quatre ans. Le dernier rapport de la Cour des comptes laisse augurer que cette dramatique tendance va s’accélérer. Déjà, dans un précédent rapport, les magistrats de la rue Cambon affirmaient que 3 500 bureaux de poste, soit un tiers de ceux qui existent encore, suffiraient pour permettre à La Poste d’assurer son avenir. De même ils estimaient qu’en comparaison avec d’autres grands établissements financiers, cinq centres financiers au lieu des vingt actuels devraient subsister. Aujourd’hui, ce sont les facteurs qui passent au crible. Le « modèle social » serait impossible à tenir et la distribution six jours sur sept aurait vécu ! Bref, si l’on pousse au bout la logique de la Cour, ce sont 80 000 à 100 000 emplois qu’il faudrait supprimer à terme.

La Fédération FO Com dénonce ce discours anxiogène et démobilisateur inspiré par un dogme ultra libéral qui ne fait qu’alimenter la peur de l’avenir, alors que les postières et les postiers ont besoins d’espoir.

FO COM Postes et Télécommunications

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