Ces dernières années ont été marquées par une accélération et un accroissement des impacts des crises : le changement climatique, les évolutions technologiques, le retour de la guerre sur différents continents (...). Toutes ces crises montrent la nécessité, et c’est une conviction que nous partageons avec le rapport du directeur général, d’un nouveau contrat social. Moderniser le contrat social ne doit néanmoins pas aboutir à revenir sur nos acquis sociaux. Si j’insiste sur ce point, c’est que malheureusement, même en France, nous observons une régression sociale violente.
La justice sociale, c’est pouvoir bénéficier d’un travail décent avec un salaire qui permette de vivre et non simplement de survivre face à l’inflation. La justice sociale (...) ce n’est pas travailler plus longtemps alors que l’espérance de vie en bonne santé ne cesse de se réduire. (...) La justice sociale, c’est aussi développer des systèmes de protection sociale en respectant le dialogue social. Ce n’est pas, comme en France, précariser encore plus les travailleurs les plus vulnérables avec une nouvelle réforme de l’Assurance chômage, inutile et dangereuse pour le contrat social. La justice sociale c’est également croire à la force du dialogue social et de la négociation collective, et préserver le droit de grève. Les attaques en France et les menaces de restriction au droit de grève ne sont pas acceptables. La justice sociale, c’est aussi préserver la santé et la sécurité au travail, nouveau droit fondamental. Ce n’est donc pas supprimer les commissions chargées du suivi des questions de santé et de sécurité en entreprise, une suppression qui conduit aux mauvais résultats français : deux travailleurs meurent chaque jour au travail. La justice sociale, c’est donner un vrai contrat de travail, protecteur socialement, à tous les travailleurs de plateforme. Nous saluons d’ailleurs les travaux à venir sur ce sujet. La justice sociale c’est aussi continuer à lutter contre les discriminations et garantir l’égalité entre tous les travailleurs.
La Déclaration de Philadelphie va fêter ses quatre-vingts ans et pourtant on adopte en France une énième loi sur l’immigration qui utilise les travailleurs étrangers comme une simple variable d’ajustement du marché du travail. Au sortir de la pandémie de Covid-19 (...), loin d’apprendre des erreurs du passé, nos gouvernements continuent dans les mêmes impasses avec le retour de l’austérité. Les droits syndicaux font l’objet d’attaques de plus en plus virulentes dans de nombreuses régions du monde, et le respect des principes et droits fondamentaux au travail n’a pas progressé depuis 2017 ! (...) Il faut que le nouveau contrat social amorce un véritable changement porteur de plus de droits pour les travailleurs, ainsi que d’une meilleure répartition des gains de productivité (...). Proposer un nouveau contrat social c’est reconnaître la complexité et l’interdépendance des économies mondiales pour développer une réglementation de la mondialisation qui soit enfin juste pour les travailleurs.
Nos attentes sont importantes quant aux discussions à venir sur les chaînes d’approvisionnement, afin de garantir un rôle pour les organisations syndicales dans les processus de vigilance raisonnable. Et puis, pour finir, je voudrais rappeler l’attachement des travailleurs français à l’Organisation internationale du travail et saluer (...) les quatre-vingts ans de la Déclaration de Philadelphie, qui nous rappelle la nécessité de renforcer le rôle de l’OIT dans le système multilatéral pour donner au monde du travail toute sa place et s’assurer que le travail ne soit jamais considéré comme une marchandise.