Cette année, la conférence sociale se tient pour la première fois sur une seule journée, au lieu de deux. Et le nombre de tables rondes est ramené de sept à trois. Les thèmes au programme sont : « nouvelle France industrielle et transformation numérique », « la sécurisation des parcours professionnels et la création du compte personnel d’activité », et « transition énergétique et COP 21 ». Chacune des trois tables rondes réunissait un ministre et les représentants des salariés et des employeurs.
Dans la matinée s’est également tenue une séance de travaux en plénière intitulée « les mutations du travail sous l’effet de la révolution numérique », avant le discours d’ouverture de François Hollande.
La synthèse des débats devait être présentée dans l’après-midi en séance plénière. Il revenait au Premier ministre, Manuel Valls, de conclure la journée en présentant la feuille de route du gouvernement, avec pour chaque sujet la méthode et le calendrier des discussions.
Depuis 2012...
La première conférence sociale s’était déroulée en 2012. François Hollande souhaitait en faire le symbole de la relance du dialogue social, l’une de ses promesses de campagne. L’objectif était pour le chef de l’État de se concerter, voire de négocier avec les interlocuteurs sociaux sur « l’ensemble des sujets » avant de décider. Mais cette première édition a abouti à l’ANI (Accord national interprofessionnel) de 2013 sur l’emploi, non ratifié par FO, qui a donné le jour à la loi dite de sécurisation l’emploi. Pour mémoire cet ANI et cette loi ont introduit notamment les accords de maintien dans l’emploi permettant aux entreprises d’aménager le temps de travail et les salaires en contrepartie d’engagement de maintien dans l’emploi (des accords du type de celui proposé par la direction de l’entreprise SMART en Moselle…)
D’ailleurs, force est constater qu’au fil des ans, la conférence sociale est plutôt devenue synonyme de tensions. En 2013, sur la retraite, François Hollande s’est prononcé pour « l’allongement de la durée des cotisations », provoquant la colère de FO. La conférence avait débouché sur la loi sur les retraites de 2014, rejetée par FO. Cette édition avait cependant abouti à la loi sur la formation professionnelle de 2014, signée par FO.
L’édition de 2014 avait été boycottée par FO suivie par la CGT, qui s’opposaient notamment au report partiel de la mise en place du compte pénibilité. Déjà à l’époque, Jean Claude Mailly expliquait l’attitude de FO : « il ne s’agit pas uniquement de la pénibilité et du temps partiel, mais aussi du Code du travail, des seuils sociaux et d’une conception autoritaire du dialogue social »
... à l’édition 2015 : un contexte économique et social tendu
Ce matin, avant l’ouverture officielle de la conférence, les interlocuteurs sociaux (syndicats et patronats) ont été reçus à huis clos par François Hollande. Jean-Claude Mailly est revenu sur le contexte économique et social contraint par les politiques d’austérité appelant à un « électrochoc au plan européen ». Tempêtant contre le vent ultralibéral qui semble porter une partie du patronat, il s’est aussi inquiété de « l’autoritarisme social » qui met à bas la démocratie sociale, faisant référence notamment aux décisions prises par le gouvernement d’imposer le récent accord pourtant refusé par une majorité de syndicats dans la Fonction Publique ou encore au dossier Air France. Même chose concernant la récente négociation sur les retraites complémentaires, où FO ne peut s’empêcher d’y voir à la fois le résultat de l’intransigeance patronale, le poids pris en son sein par l’assurance et la bancassurance et les anticipations électoralistes.
Quant aux points à l’ordre du jour, il a prévenu que le CPA ou l’économie numérique ne devaient pas être utilisés pour accroître la flexibilité ou l’individualisation de la relation sociale, pour dériver vers une relation économique au détriment des droits collectifs. Sur les négociations climatiques en cours, il a insisté sur l’importance de mettre en avant la dimension sociale de la COP 21, qui ne figure actuellement que dans les annexes.