Conforama : FO exige le retrait du plan social

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

Ian HANNING/REA

La négociation du PSE, qui supprime 1900 emplois et ferme 32 magasins chez Conforama, a démarré début septembre. FO, qui a été reçue à Bercy, conteste le motif économique avancé par la direction.

Notre priorité, c’est de faire annuler le PSE et sauver l’emploi, et on y va par tous les moyens, prévient Gérald Gautier, secrétaire général de la section commerce de la fédération des employés et cadres FEC-FO. Le 1er juillet, le groupe Steinhoff, propriétaire de Conforama depuis 2011, a annoncé une véritable casse sociale avec la suppression de plus de 20% de l’effectif et la fermeture de 32 magasins. Les négociations du plan social ont démarré le 3 septembre. Aucun accord de méthode avec la direction n’a été trouvé.

La restructuration prévoit aussi un nouveau concept de magasins avec moins de personnel (600 suppressions de postes prévues) et des salariés polyvalents. Le risque est qu’il y ait plus que les 2000 suppressions de postes annoncées, alerte Mouloud Hammour, secrétaire FO du comité central d’entreprise de l’enseigne.

Des malversations financières au sein de la maison-mère fin 2017 ont plongé Conforama dans la tourmente. En avril dernier, le groupe avait bénéficié d’un plan de refinancement de 300 millions d’euros. Il est désormais entre les mains de ses actionnaires, qui lui ont accordé des prêts à des taux d’usurier, dénonce Gérald Gautier.

65 millions d’euros de CICE en 5 ans

Une délégation FO a été reçue le 4 septembre au ministère de l’Économie. Elle a remis en cause la justification économique du plan social. Les élus FO ont rappelé que le groupe Steinhoff affiche une hausse de 4% de ses ventes sur les neuf premiers mois de son exercice fiscal 2018-2019 et que sa rentabilité continue de s’améliorer. Ils ont expliqué que plusieurs magasins condamnés n’ont pas de concurrence proche mais que nombre d’entre eux sont des bastions syndicaux. Ils ont aussi souligné que Conforama ouvre à tour de bras des magasins à l’international, notamment dans les Balkans. Ils ont enfin rappelé à l’exécutif que Conforama avait bénéficié d’un CICE pour un montant de 65 millions d’euros au cours de ces cinq dernières années.

Pour FO, la fermeture de ces magasins n’a pour but que de museler les organisations syndicales et de « nettoyer » l’enseigne en réduisant sa masse salariale, avant sa revente inéluctable, dénonce la FEC-FO.

FO redoute un démantèlement du groupe, dont le fruit des cessions reviendrait aux créanciers et non au financement des mesures du PSE. La filiale de la péninsule ibérique de Conforama (Espagne et Portugal), l’une des plus rentables, est en cours de cession. Le montant de la transaction s’élève à 316 millions d’euros. Selon FO, la quasi-totalité est destinée à rembourser l’emprunt attribué par les créanciers. Sur cette somme, seulement 20 millions d’euros reviendraient à Conforama. Des discussions sont également en cours avec les principaux actionnaires de l’enseigne But. Mais on ne sait ni le montant, ni les conditions, explique Gérald Gautier. FO demande maintenant à rencontrer les deux ministres du Travail et des Finances. Le syndicat FO attend un signal fort de l’État contre le projet du plan social. Il a aussi suggéré à Bercy que la Banque publique d’investissement (BPI) prenne le relai des créanciers.

Des délais de négociation bien trop brefs

FO dénonce aussi des conditions de négociation du plan social épouvantables. La direction, s’appuyant sur les récentes lois antisociales, impose une fin de négociation et de consultation des instances du personnel le 28 novembre 2019, souligne la FEC-FO. Il est impossible de négocier un PSE si important dans des délais si brefs qui reflètent pour nous une absence totale de loyauté de la direction.

La direction de Conforama a par ailleurs refusé de reporter les élections professionnelles dont les scrutins sont prévus les 12 novembre et 5 décembre, alors que la justice, saisie par les organisations syndicales, n’a toujours pas rendu son avis sur le périmètre des instances. Il est extrêmement compliqué de gérer concomitamment un plan social et une campagne électorale, dénonce Mouloud Hammour. La priorité reste l’avenir des salariés de Conforama.

Si le plan social est maintenu, FO revendique une diminution du nombre de suppressions de postes et de fermetures de magasins. Nous exigeons aussi que les moyens mis à disposition soient proportionnels à ceux du groupe Steinhoff, comme d’ailleurs la loi l’exige, et bien au-delà du minimum légal que veut imposer la direction de Conforama, prévient la FEC-FO.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante