Des militants réjouis de se retrouver enfin « en présentiel ». Et dès l’ouverture du congrès, ils ont donné le ton avec l’adoption d’une motion de soutien aux agents des DIR (directions interdépartementales des routes) en grève le 15 juin à l’appel du SNP2E-FO contre le projet de loi 4D (différenciation, décentralisation, déconcentration et décomplexification). Celui-ci prévoit, entre autres, un nouveau désengagement de l’État via le transfert aux collectivités territoriales de routes nationales ainsi que le transfert des personnels affectés à ces missions au sein des DIR.
Cette motion n’était qu’un avant-goût de l’humeur combative de la FGF-FO, première organisation syndicale à l’État depuis 2011, et qui entend bien le rester aux prochaines élections professionnelles de décembre 2022. La FGF-FO dont les rapports d’activités et de trésorerie ont été votés à l’unanimité par les congressistes a adopté aussi trois résolutions (générale, statutaire et sociale) listant les revendications pour améliorer les droits des plus de deux millions de fonctionnaires d’État et de contractuels et réitérant sa contestation des contre-réformes qui depuis des années laminent les services, leur organisation ainsi que les conditions de travail des agents, rendant d’autant plus difficile leur tâche de maintenir un service de qualité dû à l’usager.
Un empilement de contre-réformes
Tout naturellement, la fédération sera solidaire
le 23 juin des actions européennes (à travers la FSESP) pour la journée internationale des services publics indiquait Christian Grolier, réélu secrétaire général de la FGF-FO. Soyez fiers
d’être des agents publics, fonctionnaires ou contractuels, appuyait de son côté Yves Veyrier, lors de son intervention devant le congrès. La confédération apporte son soutien aux revendications
soulignait le secrétaire général.
Les revendications, les motifs de mécontentement et/ou d’inquiétude ne manquent pas à commencer par le déploiement de réformes ou projets qui malgré la crise a continué et s’est amplifié. Ainsi, évoquant le projet de loi 4D ou encore la loi de Transformation de la Fonction publique (rejetée par tous les syndicats avant la crise), les congressistes ont fustigé une attaque concertée contre la fonction publique d’État et ses agents. La loi du 6 août 2019 introduit notamment (dès 2022) le Comité social d’administration (CSA) après avoir supprimé, fusionné ou vidé de leurs substances des instances consultatives (Commissions paritaires, comités techniques et CHSCT), diminuant aussi au passage le nombre d’élus.
Exercice syndical difficile pendant la pandémie
Alors que le congrès a donné lieu à un retour d’expériences des militants sur la gestion de la crise sanitaire par les différents secteurs de l’administration, notamment au plan des mesures sanitaires et du télétravail, beaucoup de délégués ont souligné la difficulté qu’ils ont rencontrée depuis la crise et la loi d’urgence sanitaire pour continuer à porter le mandat et exercer une activité syndicale. Cela alors que bien en amont de la crise, le dialogue social était déjà difficile malgré les déclarations des divers secteurs ministériels.
Tous ont aussi relaté le travail à domicile imposé pendant la crise sanitaire. Aussi, la négociation sur le télétravail qui s’ouvre dans la Fonction publique est une source d’inquiétude. Les militants demandent qu’il soit encadré et basé sur le volontariat. Ils craignent par ailleurs des dérives, telle celle de voir l’employeur public tenter de faire passer des jours de congés, de grèves en jours de télétravail. Ils attendent des réponses comme celle concernant la compensation que le ministère de la Fonction publique chiffre à 10 euros.
Des actions pour contrer les attaques
Mais l’activité syndicale ne s’est jamais arrêtée se sont-ils félicités, évoquant d’ailleurs les nombreuses grèves ayant eu lieu ces derniers mois ou les actions à venir tel un préavis de grève déposé à l’hôpital des Armées de Bordeaux, menacé de fermeture, ou encore le rassemblement prévu devant le ministère de l’Éducation nationale (ainsi qu’une audience demandée au ministre) le 30 juin à Paris par le comité d’organisation inter établissements du Var auquel prend part la Fnec FP-FO.
Les militants de la FGF-FO montrent en effet leur détermination à lutter contre les attaques, multiformes, ne cessant de viser les services de l’État. La réforme du réseau de proximité des Finances publiques induisant une nouvelle étape de désertification des services publics avec la suppression de trésoreries en fait partie. Les restructurations permanentes qui perturbent désormais, dans tous les secteurs, le sens que les agents entretiennent avec leurs missions ont aussi été dénoncées à commencer par leurs outils, telle la réforme de l’organisation territoriale de l’État (restructuration et création notamment de nouvelles directions départementales).
Salaires, avancement, PSC… le combat pour les droits
Autant de préoccupations et bien d’autres encore, dont la réaffirmation de l’opposition au retour d’une réforme des retraites, ont été abordées au travers de quarante-trois interventions de délégués devant le congrès, mais aussi dans le cadre des débats sur les résolutions.
Le congrès s’est inquiété ainsi de ce que sera la Protection sociale complémentaire (PSC), a fustigé la baisse des moyens syndicaux par la loi protéiforme de Transformation (du 6 août 2019), a analysé les conséquences sur les accords (sur le mode désormais majoritaire) de l’ordonnance sur la négociation collective, a dénoncé les actes discriminatoires croissants contre des syndicalistes… Par le nombre de sujets abordés, comment ne pas mesurer le degré d’inquiétude des agents de l’État.
De nombreux militants ont ainsi évoqué les manques de moyens budgétaires qui perdurent gravement dans les services, le sous-effectif dans beaucoup de secteurs par le non-remplacement des agents et/ou la suppression de postes, les salaires toujours gelés depuis dix ans ce qui pèse sur le pouvoir d’achat et l’attractivité des carrières, les mutations et avancements non plus défendus en CAP mais examinés dans le cadre de lignes de gestion hors la consultation des syndicats… La récente décision de l’exécutif d’une réforme de la Haute Fonction publique conduit, elle, à la crainte d’une Fonction publique à l’américaine, privilégiant l’emploi fonctionnel, oubliant notamment le principe de neutralité, pour se mettre au service du politique.
Défendre le statut, toujours
Le congrès a été l’occasion aussi pour beaucoup de militants de soulever la question de la syndicalisation des personnels contractuels. Il est nécessaire de la développer, ainsi que la participation de ces agents à l’action collective. Plus largement, la syndicalisation FO se renforce parmi l’ensemble des agents, fonctionnaires ou contractuels, ont souligné nombre de délégués.
Alors que la FGF-FO prévoit par ailleurs un développement de la formation syndicale, les militants souhaiteraient un soutien juridique amplifié de la part de la fédération. Déterminés à défendre leurs revendications et à gagner les prochaines élections professionnelles, les délégués de la FGF-FO ont l’objectif de développer davantage encore le travail de terrain pour soutenir, conseiller et être au plus près des agents.
Certes le statut est attaqué, mais il est toujours bien là, ont souligné les militants, et il faut le défendre sans relâche pour qu’il ne devienne pas une coquille vide et ne pas assister à une transformation complète de la Fonction publique, pour ne pas dire une transformation de la République. Plus que jamais FO défend le service public.
Séquence émotion…
Pour Patrick Fauvel, trésorier de la fédération, Claude Simoneau, secrétaire général adjoint, et Jean-Pierre Moreau, secrétaire fédéral, le congrès a fait une pause dans la contestation des contre-réformes et dans l’évocation des revendications pour saluer avec amitié ces trois camarades partant en retraite et rendre hommage au travail syndical qu’ils ont réalisé depuis de nombreuses années. Le nouveau trésorier de la FGF-FO est Thierry Iva, le nouveau secrétaire général adjoint est Olivier Bouis et Anne Florentin devient secrétaire fédérale. Nathalie Demont et Philippe Soubirous ont été reconduits dans leur mandat.
À Nancy ce matin, avec les #syndicats et fédérations FO de la Fonction publique de l'État, réunis en congrès national de la FGF - parce le sort des #fonctionnaires est indissociable de celui du service public républicain - égalité, continuité, solidarité @FOFonctionnaire pic.twitter.com/sL0QgdUwfo
— Yves VEYRIER (@YVeyrier) June 17, 2021