Prendre ses repas à l’extérieur peut nuire à la santé selon une étude américaine. Publiée fin mars dernier dans la revue Environment International, elle a révélé que les taux de phtalates étaient supérieurs de 35 % chez les personnes mangeant régulièrement à l’extérieur par rapport à celles qui cuisinent chez elles.
50 μg/kg/j
C’est le niveau maximal autorisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Pour en arriver à ce constat, les chercheurs de l’université américaine George Washington ont utilisé les données recueillies auprès de 10 253 personnes lors d’une enquête nutritionnelle nationale réalisée entre 2005 et 2014. Ils leur ont demandé la provenance de la nourriture qu’elles avaient ingérée durant leurs dernières 24 heures, puis ils ont mesuré les taux de phtalates présents dans leurs urines. Ces tests ont révélé que les personnes affichant les taux les plus élevés avaient mangé à l’extérieur, que ce soit au restaurant ou dans un fast-food. Ce qui était le cas de 61 % des personnes étudiées. Si chez ces dernières le taux moyen est de 35 %, il est bien plus élevé, à 55%, chez les adolescents, grands amateurs de nourritures rapides consommées à l’extérieur. Ce qui s’inscrit dans la lignée d’une autre étude américaine, qui, en 2016, révélait la présence de phtalates dans les sachets enveloppant notamment les hamburgers.
Le contenu et le contenant
Pour le professeur Jean-Louis Narbonne, toxicologue, expert auprès de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, qui s’était montré très critique envers le documentaire « Notre poison quotidien » de Marie-Monique Robin, les principales inquiétudes au sujet des phtalates concernent leurs effets néfastes sur la fertilité et le développement fœtal
. Concernant le DEHP, qui possède le potentiel toxique le plus élevé parmi les phtalates
, et qui est le plus utilisé selon l’OMS, il considère que la contribution de la voie alimentaire s’élèverait à 90 % de l’exposition totale
. Principale auteure de l’étude, le docteur Julia Varshavsky, de l’université de Californie, à Berkeley, précise : Nous ne demandons pas aux gens d’arrêter de manger à l’extérieur. Il s’agit juste de le faire avec modération et de privilégier des produits frais.
Et de ne pas oublier que l’emballage a son importance.
Considérés par beaucoup comme des perturbateurs endocriniens, les phtalates migrent avec la chaleur ou au contact du gras. Or ils sont très répandus, aussi bien pour les boîtes à emporter que pour les emballages, gants et autres équipements utilisés dans la préparation des aliments pour les restaurants, les cafétérias et fast-foods divers.