COP 24 : le mouvement syndical international veut plus et plus vite

Réchauffement climatique par Evelyne Salamero

© PLANET Pix/ZUMA-REA

Au terme de négociations difficiles, les 196 pays représentés à la 24e conférence mondiale sur le climat ont adopté les règles d’application de l’accord de Paris conclu lors de la COP 21 de 2015 pour contenir les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, l’heureux dénouement se révèle entaché de plusieurs bémols, dont l’absence d’engagements fermes sur la sauvegarde de l’emploi pour les salariés travaillant à l’heure actuelle dans des secteurs à forte émission de CO2.

Le fameux rulebook (règlement) de l’accord de Paris adopté le 15 décembre par les 196 pays ayant participé à la COP 24 à Katowice (Pologne) consigne les règles, notamment en matière de financement et de suivi, auxquelles devront se tenir les États signataires pour concrétiser l’application de l’accord qu’ils avaient signé en 2015 à Paris lors de la COP 21. L’objectif reste de contenir les émissions de gaz à effet de serre de façon à ce que la température globale de la planète soit limitée à bien moins de 2° d’ici 2100 et poursuivre les efforts en direction de seulement 1,5°.

L’adoption de ce règlement a provoqué une onde de soulagement tant les négociations pour y parvenir ont été laborieuses et tendues entre les gouvernements.

Mais son manque d’ambition n’en est pas moins dénoncé par de nombreuses voix, à commencer par celle de la Confédération syndicale internationale (CSI).

La CSI dénonce le manque d’ambition de l’accord de Katowice face à l’urgence climatique et sociale

Quoique crucial pour la survie de l’Accord de Paris, cet accord a manqué de déboucher sur des engagements qui, selon les chercheurs, relèveraient d’une nécessité urgente, et a également manqué de se traduire par un engagement doté de l’urgence nécessaire pour garantir un avenir durable aux travailleuses et travailleurs, a notamment commenté sa secrétaire générale, Sharan Burrow.

Du point de vue de l’urgence climatique, les États n’ont en effet pas revu leurs ambitions à la hausse, refusant (sous la pression notamment de la Russie, des États-Unis et des pays arabes pétroliers) de tenir compte du récent rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui les pressait d’accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Les bémols

La question du financement des investissements nécessaires est également loin d’être réglée. Le règlement de l’accord de Paris adopté à Katowice prévoit ainsi que le montant des aides versées par les pays riches aux pays en développement pour la transition énergétique devra inclure les aides au développement déjà existantes.

La question du respect des droits humains dans le cadre de la transition énergétique inscrite dans le préambule de l’accord de Paris est absente de son Rulebook.

Quant à l’urgence sociale, si la nécessité d’une transition énergétique socialement juste a davantage occupé les débats que d’habitude, le résultat final n’est toujours pas à la hauteur des revendications des organisations syndicales.

Cinquante-trois pays répartis dans chaque région du monde, et la Commission européenne, ont signé la Déclaration de Silésie sur la solidarité et une transition juste proposée par le gouvernement polonais et soutenue par le mouvement syndical international. Deux États seulement, le Chili et la Russie, l’ont refusée explicitement. Toutefois, l’accord final de la COP 24 signé par les 196 pays participants ne fait que prendre note de son existence.

Le sommet sur le climat de septembre 2019 déjà en préparation

La CSI, qui appelle tous les pays à signer cette déclaration, entend donc bien remettre l’ouvrage sur le métier, soulignant que pour parvenir au niveau d’ambition climatique nécessaire, il sera crucial d’assurer une transition juste pour les travailleurs, leurs familles et les communautés et garantir un travail décent pour tous.

Saluant l’initiative du secrétaire général de l’ONU d’organiser un sommet sur le climat en septembre 2019 pour rehausser l’ambition climatique de même que le soutien financier aux pays en développement, la CSI souligne : La transition juste doit figurer en tête de l’ordre du jour du sommet. A la COP de Katowice, il est devenu clair pour de nombreuses parties que la pleine prise en compte de la dimension sociale des politiques climatiques sera le principal catalyseur de l’ambition climatique dont nous avons tous besoin d’urgence.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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