Coup de rétro sur un semestre revendicatif

InFO militante

© Jean Nicholas GUILLO/REA

De ces six derniers mois, on retiendra bien sûr le dossier de la réforme des retraites que l’exécutif a voulu ouvrir ou encore celui, tout autant contesté, de la réforme de l’Assurance chômage. On retiendra aussi, entre autres, la multiplication de 49.3 pour faire adopter les projets de lois budgétaires ou encore la grogne dans les hôpitaux. Là comme dans tout le public mais aussi dans nombre de secteurs du privé, le manque d’attractivité des emplois est criant. Plus que jamais et d’autant plus au regard de l’inflation, toujours forte, la revendication salariale occupe le devant de la scène. Et FO ne cesse d’appeler à des négociations, notamment en activant les clauses de revoyure. Si des discussions ont abouti, dans les branches et en entreprises, le patronat traîne toutefois trop souvent des pieds avant de se mettre autour de la table. Cette attitude a conduit à nombre de grèves, telle celle dans les raffineries. Flashback.

Retraites

FO dit non au recul de l’âge de départ

Dès sa réélection, le président de la République, Emmanuel Macron, a relancé un projet de réforme des retraites. Une telle réforme structurelle, s’indigne FO, ne vise qu’à diminuer les dépenses publiques, axe que prévoit la trajectoire budgétaire 2023-2027 présentée à l’Europe dans le cadre du pacte de stabilité, suspendu pour l’instant. Dès septembre, le gouvernement a évoqué plus clairement l’idée d’un recul de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans d’ici 2031, applicable dès 2023. FO exige l’abandon de cette réforme.


Worldline

Le long combat des cadres pour être augmentés

Les salariés de Worldline, groupe de paiement en ligne, poursuivent leur lutte pour décrocher des augmentations. Trois mois de mobilisation depuis septembre, un fait rare dans le secteur informatique. L’intersyndicale, dont fait partie FO, demande 150 euros pour 2022, plus 100 euros pour 2023. Alors que l’entreprise estime à 12,6 % sa croissance sur 2022, ses propositions salariales se limitent à 0,98 % d’augmentation générale et 3 % au titre des mesures individuelles. Insuffisant ont répondu les salariés qui envisagent de nouvelles actions en janvier.


Salaires

FO demande l’activation des clauses de revoyure

D’autant plus face à une inflation record en 2022, FO bataille pour des négociations salariales et l’activation au plus vite des clauses de revoyure prévues par les NAO. Exemples : chez Carrefour, après une grève fin septembre, les syndicats (dont FO) ont obtenu une hausse des salaires de 2,5 % en novembre, cela après + 2,8 % au titre des NAO 2022. Chez Laïta, coopérative laitière, une grève, entre autres à l’appel de FO, a permis d’obtenir + 1,5 % en novembre, cela après une hausse globale de 4,5 %, obtenue lors de plusieurs négociations en 2022.


Photonis

Une victoire éclatante

Construire un vrai rapport de force au sein d’une entreprise permet aux revendications des salariés d’aboutir, comme le montre la mobilisation de Photonis (Brives) où FO est le syndicat leader. Après six jours de grève, les salariés du leader mondial des systèmes de vision nocturne ont obtenu une prime allant de 1 500 à 2 200 euros. Surtout, ils ont obtenu une augmentation générale des salaires allant de 3,1 % à 8,7 %, avec une revalorisation particulièrement importante pour les salaires les plus faibles.


Éducation nationale

FO aux côtés des Atsem en grève

Travailleuses invisibles de l’Éducation nationale, les Atsem étaient en grève le 1er septembre, jour de la rentrée scolaire. Elles ont reçu le soutien de la fédération FO-SPS et du Snudi-FO. Ces agents, en grande majorité des femmes, qui assistent les enseignants en maternelle, perçoivent les salaires les plus bas de la catégorie C de la fonction publique. Outre une revalorisation de carrière par un passage en catégorie B, elles demandent aussi l’amélioration de leurs conditions de travail. Ce qui passe par des effectifs supplémentaires.


Santé privée

Toujours la demande de la mesure Ségur pour tous

FO reste mobilisée pour que tous les professionnels du social et du médico-social bénéficient de la mesure salariale du Ségur de la santé : les 183 euros net. Depuis plus de deux ans, et tandis que 240 000 salariés (petite enfance, aide à domicile...) en sont encore exclus, ces professionnels luttent avec FO pour l’obtention de ce complément, et ce, quels que soient les champs conventionnels. Dans nombre d’établissements, ils revendiquent, y compris par la grève, l’ouverture de négociations salariales. Avec à la clef des victoires, comme en septembre à la Fondation Père Favron à La Réunion.


Electrolux

Victoire en demi-teinte

Les anciens salariés d’Electrolux l’ont finalement emporté aux prud’hommes, quatre ans après le placement en redressement judiciaire de l’usine de lave-linge, rachetée par le fabricant de moteurs SELNI. Licenciés en 2018, 126 d’entre eux se partageront quelque 3,3 millions d’euros. Problème : le conseil de prud’hommes s’est déclaré incompétent pour trancher sur le sort des salariés protégés, qui ont annoncé faire appel de la décision.


Contre la réforme

Les lycées pro dans la rue

Dès l’été dernier, des annonces concernant la réforme des lycées professionnels avaient mis le feu aux poudres. Enseignants, élèves et sympathisants se sont mobilisés le 18 octobre dans toute la France et le 19 novembre à Paris. Risque de fermetures d’établissements, augmentation du temps passé en stage, ouverture des conseils d’administration aux entreprises les alarment. Dans la foulée, le SNETAA-FO, majoritaire dans les LP, et la FNEC FP-FO ont refusé de participer aux groupes de travail concernant une réforme  dont les conclusions sont d’ores et déjà annoncées.


Chambres des métiers

Dégel salarial par la mobilisation

Les agents des chambres de métiers et de l’artisanat ont obtenu, le 24 octobre, 3,64 % d’augmentation de leur point d’indice, gelé depuis douze ans. Une commission paritaire a aussi permis l’adoption de critères de transparence sur l’attribution des primes d’objectifs et l’application de la prime de précarité pour les CDD de moins d’un an, entre autres. Des résultats liés à une manifestation inédite le 15 septembre, à l’appel de FO notamment, syndicat qui de non-représentatif dans les CMA est arrivé deuxième aux élections professionnelles du printemps 2022.


Pénurie

L’Éducation nationale sous haute tension

Avec une pénurie inédite de personnels dans tous les corps (secteurs professionnels) de l’Éducation nationale, dont 4 000 postes restés vacants chez les enseignants, la rentrée des classes 2022 est loin d’avoir été une réussite. La fédération FNEC FP-FO a notamment pointé le manque d’attractivité des carrières, tant en termes de conditions de travail que de rémunération. Alors que les concours pour la rentrée 2023 manquent aussi de candidats, FO exige une augmentation des salaires indiciaires pour tous les personnels, et sans contrepartie.


Représentation syndicale

Chez Atos, FO fait rétablir en justice deux représentations des salariés

Double victoire en justice pour FO-Atos ! Quand le groupe informatique (11 000 salariés en France) a annoncé en juin son plan de restructuration, le syndicat venait de faire rétablir en justice, successivement en quatre mois, le comité européen et l’un des trois CSE français, qu’Atos avait supprimés en 2021, privant les représentants des personnels d’informations sur les réorganisations. La confédération, la FEC-FO et FO Métaux ont soutenu ces procédures en défense des droits des salariés.


Assurance chômage

FO condamne très fermement la réforme

Évoquée par le gouvernement dès la fin de l’été 2022, la modulation des règles d’indemnisation chômage en fonction de la conjoncture risque de s’appliquer dès février 2023. Ce projet, prévu par décret et inséré à la loi Marché du travail adoptée en novembre dernier, a été présenté aux interlocuteurs sociaux après une pseudo-concertation. Les nouveaux inscrits sont ainsi menacés de voir leur durée d’indemnisation réduite de 25 % par rapport aux règles actuelles. FO a condamné très fermement cette réforme qui frappe fort sur les plus précaires et les seniors.


Licenciement abusif

Le barème Macron épinglé au niveau européen

Le barème macron, qui introduit depuis 2017 un plafonnement du montant des indemnités en cas de licenciement abusif, viole la Charte sociale européenne, selon une décision du Comité européen des droits sociaux du Conseil de l’Europe datée du 26 septembre. FO, qui avait saisi le CDES en 2018, se bat toujours pour obtenir le rejet de ce barème imposé par ordonnance. Si ce dernier a été validé par la Cour de cassation en mai, FO invite les défenseurs syndicaux à y résister en demandant une indemnisation déplafonnée.


Hôpitaux publics

FO dénonce des choix politiques inchangés

Plus de cent rassemblements en France ! La journée de manifestations du 27 septembre, à l’appel de FO-SPS (services publics et de santé), a montré la détermination des personnels des secteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux à revendiquer des moyens supplémentaires. FO-SPS exige un plan Marshall avec notamment 200 000 créations de postes. Un chiffre basé sur le diagnostic des besoins réalisé le 1er février, à l’occasion de sa conférence nationale Pour un autre système de santé.


Raffineries

FO condamne les réquisitions des salariés-grévistes

Soutenues par FO, les grèves qui ont tenu dans six des sept raffineries françaises entre le 20 septembre et le 27 octobre, pour revendiquer une augmentation salariale compensant l’inflation et cohérente avec les bénéfices records du premier semestre 2022 (409 millions d’euros pour Esso SAF ;10,2 milliards de dollars pour TotalEnergies) resteront historiques. Quant aux réquisitions de grévistes, inacceptable « atteinte au droit constitutionnel de grève » pour FO, l’organisation a décidé notamment d’y répondre en appelant à la journée de mobilisation du 18 octobre.


Budgets

PLF et PLFSS adoptés à coups de dix 49.3

Les débats parlementaires portant sur les projets de lois budgétaires pour 2023 ont pour le moins été écourtés. Pour faire adopter le projet de budget de l’État/PLF et celui de la Sécurité sociale/PLFSS), le gouvernement a usé de la procédure du 49.3, et ce, pas moins de dix fois devant l’Assemblée nationale. La dernière en date, le 15 décembre, c’était pour l’adoption du PLF, dont le projet venait d’être rejeté par le Sénat en deuxième lecture. Le PLFSS a été adopté le 2 décembre, lui aussi à coups de 49.3. Donc en rompant le débat et sans vote de la représentation parlementaire.


18 octobre

La mobilisation pour le droit de grève et les salaires

Avec ses 300 000 manifestants, la journée de mobilisation du 18 octobre, initiée seulement quelques jours plus tôt par quatre organisations syndicales dont FO, a montré la détermination des travailleurs à défendre le droit de grève (remis en cause par la réquisition des grévistes dans les raffineries) mais aussi à obtenir des hausses de salaires. À Paris, le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, appelait notamment à des négociations dans les entreprises et les branches et à une revalorisation du point d’indice pour les agents publics.


Agirc-Arrco

Le transfert du recouvrement des cotisations reporté à 2024

Le transfert du recouvrement des cotisations de retraites complémentaires, de l’Agirc-Arrco (20 millions de salariés affiliés) vers l’Urssaf – transfert auquel s’est toujours opposée FO – est une nouvelle fois reporté d’un an, au 1er janvier 2024. Le 20 octobre, le gouvernement avait déposé un amendement en ce sens au PLFSS pour 2023, projet de loi pour la Sécurité sociale adopté à coups de 49.3. L’amendement venait après celui, adopté en commission des Affaires sociales à l’Assemblée, en faveur de l’annulation pure et simple de ce transfert...