Au lendemain du réveillon, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé le retour du télétravail à raison de trois, voire quatre, jours par semaine, rendu obligatoire, je dis bien obligatoire, dans toutes les entreprises et pour tous les salariés pour lesquels il est possible
. En cas de non-respect de la mesure, une sanction est prévue : le gouvernement a déposé un amendement en ce sens au projet de loi sur le Pass vaccinal.
Un télétravail « obligatoire », vraiment ?
Ce texte crée « un dispositif d’amende administrative », dont le montant est fixé à 1 000 euros maximum par salarié. Mais le calcul est plus subtil que cela et par ailleurs en cas de contestation par l’entreprise, le recours mené sera suspensif. Le gouvernement affiche le télétravail comme obligatoire mais dans le texte, cela est encore laissé au bon vouloir des employeurs
, s’indigne Sébastien Busiris, pour la FEC-FO. La sanction repose sur les contrôles que devra effectuer l’inspection du travail. Or, Comment les agents, déjà en sous-effectifs, pourront gérer cela ?
, s’interroge le militant.
À noter que le recours au télétravail obligatoire ne sera pas du ressort de la loi mais est défini pas le nouveau protocole national en entreprise. Pour Sébastien Busiris, les retours du terrain montrent que les employeurs privilégient leurs chiffres d’affaires à la santé des salariés. Le télétravail n’est pas de mise partout, je pense par exemple aux banques. Et l’on a eu connaissance des situations où le salarié s’est vu refuser l’augmentation de ses jours de télétravail.
Pour le militant, ces annonces risquent également d’impacter les protocoles télétravail qui sont en train d’être adoptés et d’être mis en place au sein des entreprises. Le télétravail est un outil dans le contexte épidémique actuel. Mais cela ne doit pas biaiser les accords en cours sur l’utilisation du télétravail dans le cadre professionnel dans un contexte hors Covid.
Les aides aux entreprises prolongées et élargies
Le gouvernement a également annoncé le 3 janvier la prolongation, et sur le mode du renforcement, des aides aux entreprises affectées par les restrictions sanitaires. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a fait savoir que la prise en charge intégrale par l’État de l’activité partielle serait prolongée pour les entreprises contraintes d’interrompre leur activité, cela pour cause de fermeture. La prise en charge de l’activité partielle sera aussi accessible aux entreprises dès 65 % de perte de chiffre d’affaires, et non plus 80 % comme c’était le cas jusqu’alors.
Le dispositif de prise en charge des coûts fixes, réservé jusqu’alors aux entreprises de l’événementiel et de loisirs pratiqués à l’intérieur, sera élargi à l’ensemble des entreprises du tourisme. Enfin les entreprises en difficulté pour rembourser leur prêt garanti par l’État (PGE) contracté pendant la crise auront la possibilité d’étaler leurs paiements sur 10 ans et de décaler leur premier remboursement, a annoncé le ministre de l’Économie.
L’Éducation à bout de souffle
Autre mesure… Dans le secteur de l’Éducation, il n’est pas question de télétravail mais d’un protocole dévoilé le dimanche 2 janvier, veille de la rentrée scolaire. Cette annonce de dernière minute, et toujours sans l’apport de moyens supplémentaires, a donné lieu à un ras-le-bol généralisé des personnels de l’éducation
, pointe Clément Poullet, de FNEC FP-FO. Jeudi 6 janvier, l’Éducation nationale faisait état de plus de 9 000 classes fermées, trois fois plus qu’avant les congés de Noël. Sur le terrain, les enseignants et personnels de vie scolaire font état d’un chaos organisé, relate le militant. Les services de vie scolaire se retrouvent à devoir gérer des tâches qui reviennent normalement aux ARS, notamment le tracing des élèves cas contact. Ces tâches chronophages les empêchent de se concentrer sur le reste de leur travail qui ne s’est pas évaporé avec la crise.
Et les mots du ministre, évoquant l’absentéisme des professeurs
, n’ont fait qu’exacerber la contestation des personnels. Alors que des mobilisations se sont tenues au niveau local, Force Ouvrière et d’autres syndicats ont appelé à une grève nationale le 13 janvier. Une grève massivement suivie par les personnels exigeant plus de sécurité et de stabilité face à la vague de Covid-19 qui déferle sur l’école. Concrètement avec en sous-texte, la revendication par les syndicats d’un retour au protocole un cas, une fermeture
. Jean-Michel Blanquer nous fait passer pour ceux qui veulent fermer les écoles. C’est faux ! Nos revendications visent justement à préserver l’école ouverte, mais avec des moyens.
indique encore le secteur FO de l’Education. Le 7 janvier, la FNEC FP-FO rappelait d’ailleurs une de ses revendications, soit l’attribution des moyens humains nécessaires notamment par la création de postes via les listes complémentaires tout en programmant dès maintenant un collectif budgétaire
. Revendications partiellement entendues puisque le ministre, après avoir reçu les organisations syndicales suite à la mobilisation importante du 13 janvier a annoncé que 5 millions de FFP2 seraient diffusés
– sans toutefois préciser à quelle échéance, le report des évaluations de mi-CP, prévues la semaine prochaine, et le recrutement de 3 300 contractuels supplémentaires, voire sur les listes complémentaires.