Crédit Agricole Nord-de-France : comme ailleurs dans le réseau, la contestation d’une réorganisation qui dégrade les conditions de travail

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Pierre HAVRENNE/PACHACAMAC-REA

Comme tous les lundis, jour de fermeture des agences commerciales, le 9 mai, les salariés du Crédit Agricole Nord-de-France ne devaient pas travailler. Les personnels étaient toutefois 170 à manifester devant le siège social de l’entreprise, à Lille, le jour-même à 12h. Cela représente 10 % des effectifs qui se sont mobilisés sur leur jour de congé pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, souligne Jean-François Innocenti, délégué syndical de FO.

Cette date de mobilisation coïncidait avec l’anniversaire de la réorganisation du réseau commercial de la caisse régionale, réorganisation appelée « Tempo Commercial », mise en œuvre en mai 2021. Après un an, nous avons assez de recul pour faire un état des lieux. Et ce qui en ressort, c’est que les salariés des agences commerciales sont épuisés, pointe le militant.

Une surcharge de travail sous-estimée par la direction

En premier lieu, cette réorganisation a impliqué la disparition du poste d’accueil pour les agences de moins de 7 salariés, soit 80 % de nos agences, explique Jean-François Innocenti. Les salariés doivent donc assurer cette tâche à tour de rôle, ce qui ampute le temps consacré à autre chose et alourdit considérablement la charge de travail. De fait, ils se trouvent en difficulté pour atteindre et remplir les objectifs commerciaux qui leur sont fixés. Cette surcharge de travail a été complètement sous-estimée par la direction.

Autre élément de cette réorganisation qui alourdit considérablement la charge de travail des professionnels : le transfert des appels téléphoniques des plateformes vers ces mêmes agences au nom de la « joignabilité », pointe la fédération FEC-FO. Auparavant, lorsque le client d’une agence appelait, il tombait automatiquement sur un salarié de cette agence. Or, maintenant, cet appel peut être pris par d’autres salariés, issus d’autres agences. Cela implique d’écouter les problèmes des clients, de bien les rediriger vers la bonne personne. Autant de travail supplémentaire et qui complique les tâches des salariés du réseau commercial.

Mobilisations en série au Crédit Agricole

À la suite du rassemblement, nous avons été reçu à l’initiative de la direction, raconte Jean-François Innocenti. Nous avons eu le sentiment d’avoir été écoutés, bien que les problèmes que nous relevions ne sont pas corrigeables en 24h. Mais la direction a reconnu une charge de travail excessive. Face à un besoin de mesures claires, la direction s’est engagée à résoudre certains problèmes de procédure avant l’été, complète Dominique Manissier, secrétaire de la section fédérale Organismes Agricoles au sein de la FECFO.

Cette mobilisation dans la caisse régionale Nord-de-France fait écho à d’autres mobilisations dans le réseau du Crédit agricole, ainsi en mars, dans les Côtes d’Armor et en avril dans le Finistère. Jean-François Innocenti voit des raisons similaires à ces mobilisations : l’heure est à l’optimisation du personnel que l’on dirige davantage vers des relations à distance (de la clientèle, NDLR) pour ce qui concerne le secteur des particuliers et du grand public. Mais c’est une stratégie risquée. En plus des conditions de travail dégradées avec une pression commerciale accrue, Dominique Manissier déplore aussi l’échec des NAO. Celles-ci ont abouti à une hausse salariale de 1 %, soit +0,70 % de rémunération pour les salariés. C’est bien en deçà de l’inflation qui atteint presque 5 %. D’autant que les résultats du groupe sont très bons.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération