[Culture] Rapprocher la culture du combat syndical : la FEETS-FO lance son ciné-débat pour tous

Culture par L’inFO militante, Maud Carlus

Flyer invitation soirée débat

Le 7 septembre, s’est tenue en présentiel et en visio la première soirée ciné-débat organisée par la FEETS-FO. Après la projection d’un film lié au monde du travail, les participants sont invités à débattre en compagnie de deux intervenants. Ce mois-ci, c’est Corporate, de Nicolas Silhol qui a été proposé. Un long-métrage aborde la délicate question du suicide en entreprise. L’occasion de rappeler l’importance de la syndicalisation et de la solidarité salariale.

Il est 20h35 environ lorsque la lumière revient dans la salle, ce mardi soir au Brady, petit cinéma de quartier emblématique du 10e arrondissement de Paris. Tandis que Zaïnil Nizaraly, secrétaire général de la FEETS-FO (Fédération FO de l’Equipement des Transports et des Services), reprend le micro, le silence règne.

Pour cette première séance en présentiel et en visio, les organisateurs de ce ciné-débat syndical ont voulu marquer les esprits avec Corporate, de Nicolas Silhol. Un film coup de poing qui traite des risques psychosociaux en entreprise, sous forme d’un thriller et qui s’inspire de l’affaire des suicides chez France Télécom s.

Recréer du lien après le covid

« Le but de ces soirées ciné-débat est de recréer du lien après la période covid, explique Zaïnil Nizaraly. Nous avons besoin de nous retrouver syndicalement, de relancer les questionnements, les engagements militants. C’est pour cela que nous tenions absolument à permettre la diffusion du film par visio. De plus nous avons voulu rassembler le plus largement possible, sachant que la majorité de nos adhérents ne vivent pas à Paris. »

Ouvertes à tous et gratuites, ces projections mensuelles seront surtout l’occasion de lancer le débat autour de questions chères à FO. Ce soir-là, le secrétaire général donne la parole aux deux intervenants que la FEETS-FO a invités : Me Hortense Betare, avocate au barreau de Paris, et Vadim Hosejka, secrétaire général de FO-TEFP (Travail, Emploi et Formation Professionnelle). A chaque projection, deux invités seront présents, un représentant de la confédération et un intervenant extérieur.

Réfléchir différemment grâce au 7e art

Et ce soir-là en effet, une quarantaine personnes est connectée sur Zoom et à peu près autant auront fait le déplacement. Une belle réussite pour la FEETS. C’est aussi une façon différente de se retrouver dans le cadre du militantisme, comme le rappellera le secrétaire génral de la FEETS-FO.

La fédération a souhaité mettre en place cet événement afin de rapprocher culture et combat syndical. Nous avons une diversité dans le profil de nos membres, nous voulons ainsi l’honorer. Le monde du cinéma n’est pas un univers que l’on connaît nécessairement lorsque l’on est militant, mais le 7e art peut donner à réfléchir différemment. C’est important de pouvoir discuter d’un film après l’avoir vu ensemble.

Tout salarié peut alerter sur les risques psychosociaux

Sur la question de l’importance du collectif, et de la solidarité salariale par exemple, comme le rappelle Me Betare. Les syndicats servent de contrepoids dans l’entreprise, tout salarié peut les consulter afin de les alerter sur des risques psychosociaux rencontrés par eux-mêmes ou un collègue. Il est aussi possible de saisir l’inspection du travail.

La juriste, très émue par le film diffusé, en profite pour confier sa propre histoire. Ancienne salariée des Ressources Humaines au sein d’un grand groupe, elle a elle-même été confrontée au suicide d’un collègue après une notification de licenciement. Un événement traumatique qui l’a poussée à se rapprocher de FO, puis à changer de métier et devenir avocate.

Déshumanisation des rapports hiérarchiques

Je trouve qu’on assiste à une véritable déshumanisation des rapports hiérarchiques dans l’entreprise, réagit un spectateur. Courbe du deuil, management de la terreur, autant de techniques de gestion du personnel réelles montrées dans le film et qui rappellent l’affaire des suicides chez France Télécoms.

Comment parvenir à mettre fin à des situations qui peuvent pousser des salariés à l’irrémédiable ? Vadim Hosejka rappelle qu’il existe entre 1700 et 1800 agents de contrôle au sein de l’Inspection du travail pour toute la France. Mais parfois, on arrive trop tard. D’où l’importance de se rapprocher des instances syndicales de son entreprises, même si l’on en est pas membre, et ce au plus vite. David Leconte de l’UD de l’Eure, présent par Zoom, rappelle aussi que les structures fédérales font le lien avec le CSE dans les entreprises.

Ne jamais rester isolé » en entreprise

Un autre intervenant souligne que la peur du chômage aujourd’hui est omniprésente et peut freiner l’action syndicale et même la solidarité. C’est une réalité, c’est vrai, indique le responsable de FO Travail, on tend à l’individualisation salariale, mais il faut lutter contre cela afin que l’action collective reste possible. Il insiste également sur la complexité du Droit du travail.

En guise de conclusion, Hortense Betare, et Vadim Hosejka donneront quelques recommandations aux spectateurs, si eux ou d’autres salariés sont confrontés à des problèmes en entreprise, dont du harcèlement. Quoi qu’il arrive, il ne faut jamais rester isolé, martèle-t-il. Il faut tout noter, les témoins, les propos tenus, les faits précis, heures et dates, car cela sera utile au moment de monter un dossier. Et l’avocate d’enfoncer le clou : “Le plus important en droit, c’est la preuve”.

Zaïnil Nizaraly se fend d’un proverbe syndical américain : Une attaque contre un salarié, c’est une attaque contre tous les salariés. A méditer avant la prochaine séance ciné-débat, le 4 octobre prochain à 19 heures...

Cette prochaine projection aura lieu uniquement en visio. Le documentaire Le Capital au XXIe siècle, adaptation à l’écran du traité d’économie de Thomas Piketty sera proposée.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus