Dans le Bas-Rhin, des militants particulièrement préoccupés par la crise dans les hôpitaux et à l’université

Congrès par Nadia Djabali

250 militants FO du Bas-Rhin se sont donnés rendez-vous le 31 mai 2018 à Duttlenheim, le temps de leur congrès. Un rendez-vous présidé par Pascal Pavageau qui a vu la reconduction de Christiane Heintz comme secrétaire générale.

Au-delà du bilan des quatre dernières années et de l’élection des instances, les débats ont principalement porté sur la fonction publique, notamment les hôpitaux au sein desquels FO est particulièrement bien implanté dans le Bas-Rhin. Dans l’esprit de nombreux militants : le décès de Naomi Musenga, après qu’elle a tenté en vain de faire venir le Samu. Ce drame, qui a eu lieu à Strasbourg, a posé une lumière crue sur l’état de délabrement du Samu et de l’hôpital. Le Samu de Strasbourg reçoit plus de 1 000 appels par jour, rappelle Christiane Heintz, secrétaire générale de l’union départementale.

Le 11 avril 2018, à l’appel du syndicat FO des urgences du CHU de Strasbourg environ 200 militants FO venus de quarante établissements de métropole se sont rassemblés devant le ministère de la Santé pour dénoncer la saturation des urgences et pour réclamer des moyens.

La secrétaire générale de l’UD, qui a été reconduite pour un nouveau mandat, souhaite également aborder le suicide en juin d’un médecin à l’hôpital strasbourgeois Paul-Strauss. Nous avons interpellé le préfet, indique-t-elle. Les salariés sont au bout du rouleau.

Parcoursup et réforme du bac

Autre thème qui préoccupe les militants du Bas-Rhin : la réforme du baccalauréat et de l’accès à l’université. Le Congrès de l’UD a voté une motion qui part du constat que le dispositif Parcoursup laissera sur le carreau un nombre extrêmement important de candidats. Le Congrès a donc réaffirmé son attachement au baccalauréat comme 1er grade universitaire. Il a par ailleurs exigé le rétablissement du droit de s’inscrire à l’université pour tous les bacheliers et a condamné les mesures de répression prises contre les lycéens qui manifestent. Le Bas-Rhin abrite de nombreux établissements d’enseignement supérieur et l’incertitude est de mise : Que va-t-il advenir des locaux et des personnels s’il y a moins d’élèves ?, s’interroge la secrétaire générale. Le gouvernement traite élèves, étudiants et personnels comme s’il gérait des stocks. C’est terrible.

Il faut avoir une connaissance juridique béton

Côté réforme du Code du travail, et face aux inquiétudes suscitées par la mise en place du comité économique et social dans les entreprises, Christiane Heintz essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Nous avons la chance d’avoir à Strasbourg un Institut du travail qui organise des journées de formations. Avec la suppression des CHSCT, un certain nombre de compétences vont disparaître et de nombreux salariés se tourneront vers l’UD. Il faudra donc avoir une connaissance juridique béton pour leur répondre correctement.

L’union départementale a d’ores et déjà invité les gros syndicats à se rapprocher des petits pour leur donner un coup de main. Le Congrès a bien sûr condamné la disparition des instances représentatives du personnel séparées au profit d’une instance unique, le comité social et économique, conduisant à un amalgame des compétences préjudiciables aux intérêts des salariés.

Conseils aux travailleurs frontaliers

Autre gros morceau : la section des frontaliers qui est assez importante. Quotidiennement, de nombreux Alsaciens traversent la frontière pour travailler outre-Rhin principalement dans le secteur automobile, du bois et de la chimie. Ces salariés viennent nous voir car ils ont besoin d’être informés sur leur couverture sociale. Du coup, chaque mardi, les permanences juridiques trouvent tout leur sens. Et de nombreux salariés en réelles difficultés y rencontrent les militants FO élus conseillers prud’homaux. Mais, souligne Christiane Heintz : Le rôle de l’UD n’est pas de faire de la défense individuelle mais du collectif.

Une permanence handicap

Autre permanence qui fonctionne à plein : celle, consacrée au handicap, ouverte deux mercredis par mois. Créée en 2008, cette permanence n’a cessé de contester les avis défavorables rendus par la CPAM ou la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Depuis 2013, elle défend ses dossiers devant le tribunal des affaires de la sécurité sociale ou le Tribunal du Contentieux de l’Incapacité. Et les salariés en situation de handicap sont de plus en plus nombreux à fréquenter la permanence de la rue Sédillot.

Se développer pour faire aboutir les revendications

Durant ces quatre dernières années FO a ouvert vingt-sept implantations à Strasbourg, Marlenheim, Sélestat, Hangenbleten, Diemeringen, Altdord et dans d’autres villes du Bas-Rhin. La nécessité de maintenir et renforcer les unions départementales comme les unions locales, va de pair avec le syndicalisme de proximité que défend FO, a rappelé Pascal Pavageau.

Le Congrès a donc appelé les adhérents et les syndicats FO à tout mettre en œuvre pour organiser les salariés au sein de Force Ouvrière. Notre développement est une condition incontournable pour faire aboutir nos revendications.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante