Dans le groupe Cémoi, la bataille de FO pour les emplois

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Gilles ROLLE/REA

Confronté à une baisse de ses ventes et lancé dans une grande restructuration, le chocolatier Cémoi a annoncé la vente de son usine de Sorbiers, dans la Loire au groupe Savencia qui devrait reprendre les 122 emplois. Cémoi annonce aussi la fermeture de l’usine de Molsheim, dans le Bas-Rhin, ainsi que des suppressions de postes au service commercial. Au total 55 emplois disparaîtraient. Les négociations du PSE vont débuter et FO montre déjà sa vigilance.

La période Noël se termine, celle de Pâques arrive à grand pas. Dans l’industrie du chocolat, l’année est rythmée par les fêtes. Pour les salariés de Cémoi, ce début d’année commence mal toutefois. Le 10 janvier, la direction a fait savoir aux syndicats son intention de vendre l’usine de Sorbier, dans la Loire, acquise en 1981, à un concurrent, le groupe Savencia. Cémoi, dont le siège se situe dans les Pyrénées orientales et qui emploie 3 200 salariés dans le monde (dont 2 200 en France où se situent neuf des quatorze unités de production) a été racheté par le belge SweetProducts en 2021.

122 postes repris et 55 emplois supprimés

Le site ligérien, spécialisé dans les chocolats de Pâques et de Noël, compte 122 salariés. La direction a indiqué qu’ils seraient repris par la division Savencia Gourmet. L’opération devrait être finalisée au cours du deuxième trimestre 2023, estime le syndicat FO Cémoi. Le transfert des contrats ne devrait pas avoir d’impact sur les rémunérations, les qualifications et l’ancienneté, ainsi que l’avait demandé le syndicat. Par ailleurs, FO Savencia s’assurera que le transfert des contrats de travail des salariés de Sorbier s’effectue correctement et intégralement, précise la FGTA-FO.

Mais le groupe Cémoi a annoncé aussi la fermeture prochaine de son site de Molsheim, dans le Bas-Rhin, spécialisé dans les moulages décorés à la main. En tout, 25 emplois sont concernés. À cela s’ajoute la suppression de 30 postes au sein du service commercial du groupe sur l’ensemble du territoire. En réponse, FO Cémoi indique qu’il sera force de proposition lors des négociations à venir et veillera de près à ce que chaque salarié(e) concerné(e) soit reclassé(e) ou bénéficie des meilleures conditions de départ possibles.

Une restructuration dans un contexte de crise

Le secteur subit de plein fouet le contexte inflationniste et la diminution des volumes sur les marchés de la confiserie. Dans un communiqué, la direction annonce vouloir se concentrer sur son savoir-faire historique de fabricant de chocolat à destination des industriels et des métiers de bouche et à continuer à développer des marques permanentes. En 2021, le chiffre d’affaires total était de 750 millions d’euros. Mais certaines composantes du groupe présentaient une perte importante de leur CA, et plus largement des déficits cumulés sur les dernières années.

Le syndicat FO, qui a obtenu 29,64 % des voix aux dernières élections professionnelles au sein de Cémoi confiseur reste vigilant face à cette restructuration censée redresser les activités de Cémoi confiseur. La spécialisation des sites et des volumes additionnels nous semblent positifs pour les usines qui ne sont pas impactées négativement par le PSE actuellement, notamment les sites de Troyes (10), Villeneuve d’Ascq (59) et Chambéry (73), estime un membre du syndicat. Attention tout de même. S’il y a spécialisation sans volumes additionnels, il y aura forcément un impact sur les emplois dans un avenir proche...

Les alertes de FO ignorées

Pour FO Cémoi, cette opération n’est malheureusement pas une surprise tant la situation du pôle confiseur s’est dégradée ces dernières années avec l’absence, maintes fois dénoncée par FO, de toute stratégie commerciale viable. Dans ce contexte, le rachat du chocolatier par SweetProduct faisait craindre des changements pour les salariés. Le syndicat avait déjà exprimé ses inquiétudes avant l’été. Les représentants du personnel rappelle encore FO avaient ainsi lancé un droit d’alerte, à l’échelle du groupe, dénonçant le « flou » relatif au plan stratégique du nouvel actionnaire... Et les risques de conséquences sociales. Nous craignions pour les emplois et les annonces récentes confirment nos craintes, indique un membre du syndicat. Et la question est de savoir si cette opération de restructuration est la dernière ou la première d’une série.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération