Démantèlement du Crédit foncier : FO veut du temps pour négocier

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

Photo : HAMILTON/REA

Les 2 200 salariés du Crédit Foncier étaient appelés par une intersyndicale à faire grève le 11 juillet 2018 alors que se tenait un CE extraordinaire dédié au démantèlement de l’enseigne, qui va être absorbée par sa maison-mère, le groupe BPCE alors même qu’elle est bénéficiaire. L’intersyndicale a saisi la justice en référé : elle veut être consultée sur la stratégie du groupe avant de démarrer les négociations sur le plan social.

Plus de 200 personnes, la plupart vêtues de noir, ont manifesté leur colère devant le principal site du Crédit Foncier à Charenton-le-Pont le 11 juillet 2018, à l’appel d’une intersyndicale FO/CFDT/CFE-CGC/CFTC/SU-UNSA. La mobilisation a également été forte dans le réseau, où beaucoup des 230 agences sont restées fermées, selon le syndicat FO.

Les salariés ont dénoncé la mise à mort de l’enseigne fondée en 1852, et la seule spécialisée dans le crédit immobilier en France. L’annonce de l’absorption des activités du Crédit Foncier par la maison-mère, le groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d’Epargne, Natixis, Banque Palatine), avait été faite le 26 juin 2018. Cette dernière estime que le modèle d’établissement spécialisé sur le seul segment du financement immobilier n’est plus adapté ni compétitif. Alors même que le Crédit foncier est bénéficiaire, les 2 200 postes sont menacés à plus ou moins long terme.

La direction du groupe entend supprimer dans un premier temps autour de 1 400 postes. Les autres, dédiés à la gestion des encours, seraient temporairement maintenus au sein du Crédit Foncier. Mais eux aussi sont condamnés à disparaître progressivement. La direction a promis un reclassement au sein des autres entreprises du groupe pour chaque salarié concerné.

Le prochain CE est programmé le 20 juillet

Un premier CE extraordinaire consacré au démantèlement s’est tenu ce 11 juillet. Les élus ont alors annoncé qu’ils saisissaient la justice en référé pour contester le calendrier à marche forcée imposé par la direction. L’audience aura lieu le 24 juillet 2018. Le prochain CE, qui va lancer les négociations du plan social, est déjà programmé pour le 20 juillet.

La direction veut que tout soit bouclé avant fin novembre 2018 pour une entrée en vigueur en janvier 2019, dénonce Véronique Pinchon, déléguée FO au Crédit Foncier. Pourquoi une telle précipitation ? On ne comprend pas, on ne perd pas d’argent, il n’y a pas d’urgence à la mise en application.

Dans leur action en justice auprès du tribunal de Créteil, les élus demandent à être consultés sur les orientations stratégiques du Crédit Foncier avant de négocier sur les conditions de départ ou de reclassement au sein du groupe. On nous donne les conclusions avant de nous exposer la situation, poursuit la déléguée FO. Cette consultation prend deux mois. Si on a gain de cause en justice, la procédure du PSE sera suspendue. La direction a pris une décision économique, on ne peut pas revenir en arrière. Mais on souhaite avoir du temps pour négocier correctement.

Proposer à chaque salarié un poste de qualité

L’objectif est que chaque salarié reçoive une proposition de qualité dans le cadre du reclassement en interne. La direction s’est seulement engagée à proposer un poste dans le même bassin d’emploi, poursuit Véronique Pinchon. Mais nous ne sommes pas une banque, il y a un gouffre entre les activités d’un établissement généraliste et les nôtres, spécialisées dans un domaine.

FO s’inquiète aussi pour le devenir des activités du Crédit Foncier, avec des prêts très spécifiques permettant notamment l’accession populaire à la propriété et que les autres établissements rechignent à financer. Qui demain va prêter aux ménages les plus modestes ou aux copropriétés ?, poursuit Véronique Pinchon.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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