Débattre au plus près des interrogations du personnel, maintenir la mobilisation, garder la proximité avec les salariés malgré la crise sanitaire… tel était l’objectif du premier « live info » organisé le 29 mai par la fédération Energie et mines FNEM-FO et qui a été suivi par un millier d’internautes.
Durant deux heures, quatre élus FO, ainsi que le secrétaire général de la confédération Yves Veyrier, ont échangé sur les projets destructeurs qui pèsent sur EDF et la filière gazière et sur la nécessité de les combattre. En matière d’électricité, le groupe EDF est menacé de scission en trois entités dans le cadre du projet Grand EDF (ex-Hercule). Quant à Engie, elle vient d’être coupée en deux, avec la création d’une nouvelle entité dédiée aux services, rebaptisée Equans.
Alain André, secrétaire général de la FNEM-FO, a dénoncé les effets triplement négatifs de ces attaques, sur le plan social, sociétal et industriel. Il a notamment pointé la hausse prochaine de 10% du prix du gaz, effet de la dérégulation, ainsi que la volonté de détruire le lien social entre gaziers et électriciens. Nelly Breheret, coordinatrice du groupe EDF, a pour sa part dénoncé une réforme qui signe la désintégration de la filière et la fin d’un service public de qualité.
FO revendique le retour d’EDF en EPIC
Jacky Chorin, administrateur FO à EDF, a rappelé que c’est en 1993, avec l’acte unique européen sur le libre échange des biens et services, que l’Europe s’est attaquée à la dérégulation de l’électricité et du gaz, promettant que cela ferait baisser les prix. S’en est suivi une série de directives pour affaiblir le service public de l’énergie et poser les fondations de l’ouverture à la concurrence et de la privatisation des opérateurs publics. En application de ces textes, EDF et GDF avaient été séparés, puis les deux Épic transformés en 2004 en sociétés anonymes à capitaux publics, qui feront très vite leur entrée en Bourse.
Mais il existe encore des marges de manœuvre pour modifier les choses, s’il y a une volonté politique
, a ajouté Jacky Chorin. La France pourrait ainsi utiliser son droit de véto pour empêcher la dérégulation du service public, ou demander une exemption en faisant valoir des intérêts nationaux.
Chez EDF, la forte mobilisation du personnel à l’appel d’une intersyndicale à laquelle participe FO a réussi à calmer les ardeurs du gouvernement sur le projet de démantèlement. Mais aucun élu n’est dupe de son changement de nom. Le gouvernement minimise l’impact du grand EDF par rapport à ex-Hercule, mais c’est du pareil au même,
L’administrateur FO redoute à terme un démantèlement de la structure aujourd’hui intégrée et une mise en concurrence des trois entités entre elles. Ce n’est utile ni pour le service public, ni pour les usagers, ni pour le personnel
, a-t-il ajouté. FO revendique un retour aux valeurs du service public, avec la création d’un établissement public industriel et commercial (EPIC) intégré au service des usagers et des citoyens.
Attaques contre le statut
Gildas Gouvaze, coordinateur FO du groupe Engie, a détaillé les effets de la dérégulation dans le secteur du gaz, précurseur en la matière. C’est le 30 juin, au lendemain de la table ronde, que la direction d’Engie a annoncé la création d’une nouvelle entité dédiée aux services, baptisée Equans, et amenée à être vendue ou introduite en bourse. FO avait émis quelques jours plus tôt un avis défavorable contre ce démantèlement d’Engie.
Engie se retrouve entre les mains d’actionnaires qui veulent gagner du cash et augmenter les dividendes,
Cette nouvelle entité concerne près de 70 000 salariés dans le monde, environ 28 000 en France. Les salariés ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés, des gros groupes comme Bouygues ou Eiffage sont intéressés,
L’autre entité, New Engie, va se concentrer sur les infrastructures et le renouvelable. On se sent en danger avec le morcèlement du groupe, on n’est pas à l’abri d’une OPA
, a poursuit le coordinateur FO.
L’été de tous les dangers
Le secrétaire général de FO Yves Veyrier a assuré la FNEM-FO et les agents du soutien de la confédération dans leur combat en mettant en avant deux aspects : la défense du statut et de l’emploi, et le caractère public de l’entreprise, qui concerne toute la population. La transition énergétique ne peut pas se faire au détriment des droits des salariés
, a-t-il prévenu. Il a également rappelé que la confédération avait été reçue sur ces questions avec la fédération par le ministre de l’économie Bruno le Maire. C’est une question de volonté politique,
Pour Alain André, tous les voyants sont au rouge : la période ressemble à 2004, avec la transformation de l’Epic en SA votée durant l’été. On ne va pas baisser la garde.
Il a appelé à poursuivre la mobilisation dans les jours et semaines qui viennent. L’avenir n’est pas réjouissant, mais réjouissons-nous d’être tous unis dans les mêmes combats
a conclu Gildas Gouzave.