Dématérialisation : être ou ne pas être connecté

Le mot par Michel Pourcelot

Quand on veut économiser à tout prix, il y a toujours matière à dématérialiser, ou du moins à rematérialiser ailleurs, usager ou client, en arguant de la modernité ou de l’écologie. La dématérialisation est aussi l’occasion de tailler dans le vif en supprimant de la matière vivante, l’humain. Dans les services publics, l’utilisation d’armes de digitalisation massive permet de remplir des objectifs de coupes claires dans les effectifs. Avec pour présupposé que l’usager (homo cyberneticus) pourra accéder au paradis de la cyber-simplification.

Fractures, rupture et exclusions

Or, en-deçà des zones rentables pour les fournisseurs d’internet, guère de cyber-salut pour tous : dans les communes de moins de 1 000 habitants plus d’un tiers des habitants n’ont pas accès à un internet de qualité. Soit près de 75% des communes de France et 15% de la population, souligne le Défenseur des droits, dans un rapport du 15 janvier 2019. Précisant que territoriale, la fracture est aussi sociale et culturelle, le taux de connexion à internet allant de 54% pour les non diplômés à 94% pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Il y a même une forte exclusion : En 2017, 12% de la population âgée de 12 ans et plus, soit près de 7 millions de personnes, ne se connectent jamais à internet et un tiers des Français s’estime peu ou pas compétent pour utiliser un ordinateur, soit 18 millions de personnes. Ce qui pour le moins entraîne une rupture d’égalité devant le service public. Il y aurait là matière à débat.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante