Dépenses publiques : les idées du monde d’avant refont surface

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Tous les voyants économiques sont au vert, se réjouissait le 2 juillet le ministre de l’Économie, confirmant le maintien à 5 % de la prévision de croissance pour 2021, l’Insee prévoyant de son côté 6 %. Mais derrière les annonces enjouées de ce début d’éclaircie économique, les travailleurs, toujours aux prises avec la crise sociale, distinguent des nuages qui ont de quoi inquiéter. Le gouvernement persiste ainsi à évoquer la nécessité d’une réforme des retraites, il indique aussi que le projet de loi de finances pour 2022 traduira la sortie de la crise sanitaire, la normalisation de l’exercice budgétaire et la poursuite de l’action du gouvernement depuis le début du quinquennat. Et tandis qu’avant la crise les dépenses publiques étaient pour le moins contraintes, le gouvernement prévoit déjà une trajectoire de dépenses limitées à 0,7 % de hausse par an (hors plan de relance et mesures d’urgence) jusqu’en 2027. La Cour des comptes, quant à elle, se plaît à rappeler, dans un rapport publié fin juin, que la clause dérogatoire générale de la règle européenne (seuil de 3 points de PIB pour les déficits publics et 60 points pour la dette) n’est que provisoire…

Les domaines de réforme vus par la Cour des comptes

Or, assènent les Sages, avant la crise, en France, le déficit structurel [des finances publiques, NDLR] n’a pas été réduit, depuis dix ans la dépense publique a été insuffisamment infléchie. La Cour pointe un montant de prestations sociales en augmentation, notamment par  la dynamique des retraites, malgré le ralentissement permis par les réformes successives, et, pour une moindre part, des dépenses d’Assurance maladie. Et de viser encore les dépenses de fonctionnement de la sphère publique qui ont aussi augmenté significativement en part de PIB, bien que le poids des rémunérations ait légèrement reculé. L’évolution de la masse salariale publique a été globalement maîtrisée, se réjouit la Cour, se gardant d’évoquer les milliers de suppressions d’emplois publics et le gel des salaires. Selon elle, le redressement des finances publiques devra donc passer notamment par  l’amélioration générale de la qualité de la dépense publique, au bénéfice des dépenses jugées prioritaires et à l’efficacité démontrée. Il y aurait donc des choix à faire. Plus largement, selon elle, cinq domaines seraient à solliciter pour des économies sur les dépenses publiques : le système des retraites, les dépenses d’Assurance maladie, la politique de l’emploi, les minima sociaux, les aides au logement… Par de nouvelles réformes qui dégraderaient encore les droits des travailleurs et leur feraient doublement payer la crise ? FO a déjà dit son refus d’un tel axe.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération