Depuis 2006, pas de coup de pouce au Smic

Emploi et Salaires par Mathieu Lapprand

Infographie : F. Blanc

Zoom : Les revendications de FO sur le salaire minimum
FO revendique une hausse du Smic afin que celui-ci atteigne, à terme, 80 % du salaire médian (soit 1 418 euros net mensuels), l’application de la loi Warsmann obligeant à ouvrir des négociations moins de trois mois après une revalorisation du salaire minimum. FO demande à ce que les exonérations de cotisations patronales soient calculées non pas sur la base du Smic, mais sur celle du salaire conventionnel réel.


Le rapport 2015 du groupe d’experts sur le Smic a été rendu public le 30 novembre dernier. Présidé depuis mai 2013 par le directeur de l’École d’économie de Paris, ce groupe est consulté depuis 2008 avant chaque revalorisation annuelle. Cette année, bien qu’actant la situation dégradée des salariés au Smic, il ne recommande aucun coup de pouce.

Cette année, pour les experts « l’indexation légale du Smic sur l’inflation et les indices salariaux semble le plus raisonnable », soit 0,6 %. Ce niveau de revalorisation du Smic a été annoncé lors d’une réunion de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), qui s’est tenue le 14 décembre. 

À propos du rapport du groupe d’experts, Marie-Alice Medeuf-Andrieux, secrétaire confédérale chargée des conventions collectives, tient à souligner « le riche travail de recherche documentaire », notamment l’analyse montrant que les salariés au Smic sont « plus fréquemment concernés par les contrats de travail courts et le travail à temps partiel », que leurs conditions de travail sont aussi plus dégradées : manque de valorisation, rythmes plus contraignants, grande insécurité économique…

Un décalage entre le constat et les préconisations

Certains problèmes pourtant restent dans l’« angle mort du groupe d’experts », déplore-t-elle : la question des trajectoires des salariés au Smic, l’évaluation des dispositifs d’exonération des bas salaires ou encore les sanctions relatives à son non-respect. FO regrette que ces « inquiétants constats » n’incitent pas le groupe de travail à modifier ses prescriptions. Ce dernier, année après année, reste défavorable à tout coup de pouce au salaire minimum. La confédération déplore le décalage entre l’analyse et les préconisations et considère que les « arguments avancés pour ne pas octroyer de coup de pouce ne sont pas convaincants ». Celui selon lequel le Smic pourrait nuire à l’emploi n’étant pas recevable en l’absence d’évaluation quant aux éventuels effets d’une hausse du Smic sur l’emploi.

Et FO de rappeler d’une part que « le pouvoir d’achat ne peut être sacrifié au nom des incertitudes économiques », et d’autre part que l’augmentation du Smic permettrait de relancer les négociations de branches sur les minima conventionnels. 


Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante