Des aides de dingue qui réduisent la pauvreté

Protection Sociale par Françoise Lambert

Une étude de la Drees publiée le 21 juin dernier vient s’inscrire en faux contre les déclarations d’Emmanuel Macron sur « le pognon de dingue » mis « dans les minima sociaux » — propos tenus dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, à la veille de son discours de politique sociale le 13 juin.

C’est donc un rapport d’un organisme officiel des ministères sociaux de l’actuel gouvernement qui le dit : la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale représente entre 1,8 % et 2,6 % de PIB en 2016, soit 40,5 à 57 milliards d’euros, selon le périmètre pris en compte. Un chiffre à mettre en rapport avec les 32,1 % de PIB que représentent l’ensemble des prestations sociales en France (714,5 milliards d’euros en 2016).

Le périmètre « restreint » comprend les minima sociaux (RSA, allocation adulte handicapé, minimum vieillesse…) et d’autres prestations comme la prime d’activité et les allégements fiscaux en faveur des ménages pauvres.

Le périmètre plus large inclut les allocations logement et les prestations familiales versées aux ménages les plus modestes. « Les prestations familiales et les allocations logement représentent respectivement 11 % et 14 % du revenu disponible des ménages pauvres (contre 13 % pour les minima sociaux) et participent activement à l’amélioration de leur niveau de vie », note la Drees.

La France fait mieux que ses voisins européens

Si les dépenses pour lutter contre la pauvreté ont augmenté de 3 % par an entre 2006 et 2016 — soit + 0,3 point de PIB —, elles ont permis de « réduire de l’ordre d’une dizaine de points la pauvreté et l’exclusion sociale en France », précise Romain Roussel, sous-directeur adjoint à la Drees. Sans la redistribution sociale et fiscale, la pauvreté monétaire, c’est-à-dire la part de personnes vivant en dessous de 60 % du niveau de vie médian, soit avec moins de 1 000 euros par mois, se situerait à environ 24 % au lieu de 13,6 %.

Le taux de pauvreté et d’exclusion sociale en France reste l’un des plus bas de l’Union européenne. La Suède affiche une proportion de personnes pauvres de 16,2 %, l’Allemagne de 16,5 %, le Royaume-Uni de 15,9 %, l’Italie de 20,6 % et l’Espagne de 22,3 %. L’efficacité du système de protection sociale et des aides sociales en France n’est plus à prouver. N’en déplaise aux premiers de cordée. 

[Zoom] La Sécurité sociale en danger
Le tollé a été d’une telle ampleur que le rapporteur général de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale a dû faire marche arrière. Le 28 juin, la commission des lois avait adopté une disposition transformant dans la Constitution le terme « sécurité » sociale en « protection » sociale. Le but affiché : intégrer la dépendance dans la loi de financement. Un argument injustifié pour FO : Nul besoin de modification constitutionnelle pour mettre en place un risque dépendance. Dans un communiqué intitulé Déconstitutionnaliser la Sécurité sociale, une faute historique, FO a fermement condamné cette tentative de reprise en main par l’État. Il s’agit à nouveau de promouvoir une “déprotection” de tous au bénéfice de quelques-uns. Un pays en ruine a su créer la “Sécurité sociale”, un concept unique au monde, socialement et solidairement exceptionnel, d’une rare modernité. Une France riche peut et doit faire croître cette Sécurité sociale.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante