Des annonces d’offres d’emploi pas si accessibles que cela

Analyse par Valérie Forgeront

© Richard DAMORET / REA

Les annonces d’offres d’emploi sont très lues mais peu de personnes décrochent un job par ce biais, constate le Centre d’études de l’emploi pour qui les candidats à l’embauche ne sont pas tous égaux face à ce mode d’information.

Les enquêtes emploi de l’Insee (2003-2012) révèlent que 78 % des personnes en recherche d’emploi étudient les annonces d’offres d’emploi (presse, Internet…), celles de Pôle emploi notamment (4 millions d’annonces publiées en 2014 ou encore 42,8 millions de visites par mois sur le site Internet). Toutefois, 42 % seulement des personnes qui les consultent y répondent et malgré un taux en hausse ces dernières années, seuls 7 % déclarent avoir retrouvé un emploi grâce à une annonce. C’est ce paradoxe qu’analyse un document du Centre d’études de l’emploi (CEE) intitulé « Trouver du travail par annonce : une porte étroite ». Pour l’étude, le faible recrutement par le biais des annonces renvoie à « la question des inégalités face à ce canal ». Les annonces, en général d’accès gratuit, fournissent des informations supposées les rendre « accessibles au plus grand nombre de personnes, y compris à celles qui se sont éloignées de l’emploi », et/ou qui n’ont pas de réseaux de relations. En réalité, elles peuvent être difficiles à aborder de par leur support et/ou leur contenu. La mauvaise maîtrise de l’écrit ou la difficulté à manier Internet « peut conduire à une autosélection ». Les étrangers, les seniors et les non-diplômés lisent moins les annonces que les autres. Une autre forme d’autocensure existe aussi. Ainsi, les personnes qui estiment ne pas correspondre aux diplômes et à l’expérience exigés – paramètres essentiels des annonces françaises – répondent peu à ces offres d’emploi.

En finir avec les offres confidentielles

Plus largement, les non-diplômés et ceux dont le diplôme est inférieur au baccalauréat répondent beaucoup moins aux annonces que les diplômés de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, l’exigence de l’expérience décourage à elle seule les personnes sans emploi et les salariés hors CDI. Les emplois pourvus via les annonces sont donc essentiellement des CDI et concernent des professions intermédiaires (techniciens, commerciaux…). Le seul canal des annonces pour trouver un emploi est donc très étroit, souligne le CEE. À sa manière, Pôle emploi fait le même constat : « Répondre aux seules annonces c’est passer à côté de trois recrutements sur quatre. C’est souvent par relation qu’on trouve du travail, au moins une fois sur deux. » Pour le CEE, les emplois vacants connus seulement des réseaux de relations ainsi que ceux qui « attendent » une candidature spontanée devraient être publiés. Cela « pourrait contribuer à réduire les inégalités sur le marché du travail et renforcerait sans nul doute la crédibilité des politiques qui incitent les demandeurs d’emploi à lire et à répondre aux annonces ». 

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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