Des recettes éculées et toujours la baisse du « coût du travail »

Les articles de L’InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Jacques Witt/pool-REA

Si une nouvelle journée interprofessionnelle contre la réforme des retraites est programmée le 6 juin, l’exécutif multiplie les annonces sur ses projets, cherchant vainement à faire oublier la réforme... Ainsi le 15 mai, le président de la République, détournant une déclaration de FO, affirmait que la réindustrialisation est la « mère des batailles ».

Une façon d’insinuer que réindustrialiser est plus important que de lutter pour les retraites ? Les travailleurs n’ont jamais établi de classement, les deux sujets renvoyant à leurs droits, en matière d’emploi, de salaire et de retraite. Si la réindustrialisation, dont le projet a été présenté en Conseil des ministres le 16 mai, est indispensable – FO la demande de longue date et dénonce régulièrement les délocalisations –, les pistes annoncées pour la réaliser affichent des recettes connues. Entre autres, pour aider à verdir l’industrie, le crédit d’impôt aux entreprises. Mais toujours rien en matière de conditionnalité des aides publiques. Ce que demande cependant FO, et de longue date là encore.

Éviter toute pression sur le patronat ?

Alors que le projet prévoit aussi la création d’un livret d’épargne Avenir climat, destiné aux mineurs, avec un taux de rendement supérieur à celui du livret A et exonéré d’impôts et de cotisations, Emmanuel Macron annonce par ailleurs une baisse d’impôts pour les ménages de la classe moyenne (qualifiée ainsi avec des revenus allant de 1 500 à 2 500 euros) à hauteur de 2 milliards d’euros d’ici 2027. Cela sur fond de baisses drastiques des dépenses publiques en 2024, par exemple une baisse des moyens des secteurs travail et logement. Dégager du « reste à vivre » ou pouvoir d’achat consisterait à agir « sur une partie des charges que vous payez, des cotisations que vous payez quand vous êtes salarié », explique Emmanuel Macron, prônant toujours la « baisse du coût du travail ».

Tandis qu’aucune pression pour des hausses de salaires n’est mise sur le patronat, cela consisterait en une nouvelle atteinte au salaire différé. Serait possible aussi, selon le chef de l’État, une baisse de l’impôt sur le revenu. Ce qui augure de moindres recettes pour le budget de l’État, souffrant déjà de la baisse de la fiscalité sur les entreprises. Rien de novateur ni de rassurant donc.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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