Dialogue social : le gouvernement prend la main de qui ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Un projet de loi sur la modernisation du dialogue social a été annoncé par le Premier ministre le 25 février. Après les mésaventures de la loi Macron, les médias se sont interrogés sur ce nouveau projet qui intervient après l’échec des négociations entre interlocuteurs sociaux sur le sujet.

Le Monde
Dans la foulée de la loi Macron, Manuel Valls a précisé que « le projet de loi sur le dialogue social serait présenté "fin mars, début avril" pour une adoption définitive cet été ». Non sans une certaine prudence : « entendant éviter au maximum le risque d’un nouveau recours à l’article 49-3 pour l’adoption de ce texte, après l’épisode du projet de loi Macron, il a présenté aux syndicats et au patronat ses options prudentes pour moderniser le dialogue social ».

Challenges
Une modernisation ambitieuse est à prévoir... « Pour arriver à un dialogue social de "meilleure qualité" qui soit un "atout" et "un facteur de performance pour les entreprises". Déplorant un dialogue social actuellement "purement formel, trop lourd, loin des salariés", il a qualifié de "réforme ambitieuse" ce projet ». Mais de qui a-t-il l’ambition d’être proche ?

L’Yonne Républicaine
Quoiqu’il en soit pour certains, « les partenaires sociaux ont montré leurs limites : incapables de s’accorder après quatre mois de négociations, ils ont laissé le champ libre à l’exécutif, qui est décidé à légiférer ». Peut-être le Medef avait-il de bonnes raisons de lui laisser les clés du champ ?

La Charente Libre
Un champ libre ? Traversé « au pas de charge, conforté par l’accueil positif du patronat et des syndicats réformistes, dont la CFDT, mais la CGT et FO sont vent debout ».

Le Journal du Dimanche
Car de qui cette réforme est le nom ? « Le numéro un de la CGT Philippe Martinez a indiqué à l’AFP qu’il portait "un jugement très négatif sur cette réforme" qui "est quasiment copie-conforme de celle du Medef". Il espère ainsi "sensibiliser les députés" et appelle les salariés à "se mobiliser" à l’occasion de la journée de grève générale appelée par la CGT et FO le 9 avril. Le leader de FO, Jean-Claude Mailly, s’est lui aussi dit "pas rassuré". "Celui qui a le moins râlé aujourd’hui, c’est le président du Medef, c’est quand même un signe", a-t-il lancé. Jean-Claude Mailly s’est notamment dit "opposé" à "un système nouveau, dérogatoire", par lequel "on pourrait créer des instances uniques dans des entreprises plus importantes regroupant" les délégués du personnel, le comité d’entreprise et le CHSCT. "A force de déroger, on ne sera plus dans une République" mais "dans un système anglo-saxon", a-t-il prévenu ». Comment dit-on dialogue social en anglo-saxon ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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