Discours d’Yves Veyrier lors du rassemblement Fonction Publique à Paris le 7 février 2019

Service Public par FGF FO, Yves Veyrier

Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)
Article publié dans l’action Élections dans la Fonction publique

Chers camarades,

En premier lieu, je vous apporte non seulement le salut mais l’entier soutien de la Confédération. Et je vous félicite pour la réussite de cette mobilisation exceptionnelle.
Force Ouvrière a longtemps été considérée comme le syndicat de la Fonction publique.

Bien sûr, nous ne sommes pas implantés que dans la Fonction publique. Loin s’en faut. D’ailleurs aujourd’hui, ici, des camarades du secteur privé, bien sûr de la santé privée, sont avec nous.

Car Christian Grolier le dit avec justesse. Public, Privé, nous sommes confrontés aux mêmes mises en cause de nos droits. Ce qui arrive aux uns arrive aux autres.

C’est pourquoi votre mobilisation, votre combat, est le nôtre.

Mais être considéré comme le syndicat de la Fonction publique n’est pas non plus une tare. Au contraire. C’est une fierté.

C’est une fierté car la Fonction publique, le service public, c’est la République.
La Fonction publique c’est la fraternité – car c’est un moyen essentiel de redistribution des richesses.

La Fonction publique c’est l’égalité – c’est tout le sens de notre attachement au statut général. La garantie du traitement des usagers sans distinction.

C’est une fierté aussi, pour la confédération, parce que depuis 2011, en effet, FO est première dans la Fonction publique de l’État et cette année, nous avons conquis la deuxième place dans la santé, devant la CFDT.

Continuons et nous allons conquérir la deuxième place sur l’ensemble – c’est à notre portée, et la première place le sera à son tour.

Pour cette campagne des élections dans la fonction publique, la confédération avait choisi le slogan : « Avec FO, Je défends le service public ».

« Je » est autant chaque fonctionnaire – titulaire ou contractuel – au quotidien en tant qu’agent du service public. Agent du service public, fonctionnaire sont de beaux mots. Soyez-en, vous-mêmes, fiers.

Je l’ai dit, souvent, publiquement : il faut que cesse le dénigrement, la lecture comptable.

Vous n’êtes pas une dépense. Il faut bannir l’appellation « Dépense publique ».

Vous êtes les garants de la solidarité : dans les hôpitaux, les Ehpad, les crèches, les écoles, collèges, lycées et université, les services territoriaux, les services de l’État, sur le terrain, les routes, en ville, dans les quartiers, dans les départements ruraux, comme dans les bureaux.

C’est cela le service public de proximité. Encore une fois, ce n’est pas une dépense !

C’est pourquoi il n’est pas acceptable que vos salaires soient bloqués, que l’indice soit gelé depuis tant d’années. Il n’est pas acceptable que vous soyez exclus de la prime exceptionnelle.

Au demeurant, je l’ai dit aussi, nombre de fonctionnaires sont au Smic. Certes ils peuvent bénéficier de la prime d’activité. Mais quel aveu que cette mesure de la prime d’activité. Elle est l’aveu que le Smic ne suffit pas pour vivre décemment. Pour aller à la fin du mois. A fortiori quand on est à temps partiel, en situation de précarité.

C’est ce qu’ont exprimé notamment les Gilets jaunes et que nous, syndicats, disons depuis longtemps sans être entendus. Encore une fois, le mouvement des Gilets jaunes n’est pas l’échec des syndicats, mais celui de ceux qui n’ont pas écouté les syndicats.

Il n’y a pas de quoi être fier qu’un pays comme la France rémunère ainsi ses fonctionnaires.

C’est pourquoi FO revendique l’augmentation du Smic, pour le porter à 1450 € net. Et bien sûr soutient les fédérations FO de la Fonction publique sur la question des salaires.

Comme la confédération vous soutient pour contester les orientations de la nouvelle réforme de la Fonction publique, dont les objectifs sont encore la suppression d’effectifs et à terme la mise en cause du statut et les privatisations.

Depuis près de trente ans, on n’entend que Réforme de l’État, Révision générale des politiques publiques, Modernisation de l’Action publique, CAP 22 aujourd’hui, toujours dans le même sens !

Il est plus que temps de dire STOP.

STOP car Il faut sauver le service public !

La Confédération a d’ailleurs clairement appelé, puisque l’on nous parle de débat, à ce que le gouvernement commence par suspendre les réformes contestées, dont l’objectif est uniquement comptable – celle de la Fonction Publique, comme celle des Retraites.

Nous avons clairement prévenu : FO n’est ni organisatrice, ni associée, ni partie prenante du Grand débat. Nous ne sommes pas directeur de conscience, cela relève du citoyen. Libres et indépendants, nous ne sommes pas et ne serons pas instrumentalisés, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain.

Et, en aucun cas il ne peut se substituer au dialogue social et à la négociation collective. Pas plus que nous n’accepterons qu’il soit prétexte ou caution à la remise en cause des droits des salariés, du service public, de la protection sociale collective – de l’Assurance chômage en particulier.

Sur l’ensemble de ces dossiers, salaires, sécurité sociale, retraites, fonction publique, défense aujourd’hui de la liberté de manifester contre la loi anticasseurs, la place est encore et toujours celle du syndicat pour la mobilisation nécessaire.

Je me suis adressé hier à mes homologues des confédérations syndicales en ce sens.

Nous – organisations syndicales – ne pouvons être réduits au rôle de spectateur, encore moins de substitut du traitement de la crise sociale.

Nous devons être capables de réagir à la hauteur des enjeux. Construire le rapport de force interprofessionnel.

Cela ne peut se réduire à une journée d’action ou une succession de journées d’action sans lendemains heureux.

Il nous faut convaincre une large majorité des salariés, public et privé, à s’arrêter une journée, ensemble, pour dire : Stop, on ne peut plus subir. Nous voulons être entendus. C’est cela qu’il faut construire.

C’est ainsi que nous comprenons le sens d’une journée de grève interprofessionnelle.

FGF FO Fonctionnaires

Yves Veyrier Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière