Douaniers : grève nationale et rassemblement à Paris le 10 mars

Les articles de L’InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© LAURENT CERINO/REA

Pour l’intersyndicale douanière, à laquelle participe le SND-FO, « la coupe est pleine ». La contestation de réformes incessantes qui détruisent les missions et les emplois sera au coeur de la journée nationale de mobilisation.

Tant l’ampleur de l’appel à la grève le 10 mars, avec un rassemblement prévu dès 11h30 devant l’Assemblée nationale, que le nombre de griefs à l’encontre de l’administration soulignent l’humeur des douaniers. Un tel mouvement, à l’initiative des sept syndicats dont l’USD-FO, n’était pas arrivé depuis 2017, insistent les organisations, listant les motifs de mécontentement : mépris, restructurations, suppressions d’emplois et de missions, fin du paritarisme, déni de dialogue, interruption de négociation par le ministre et avenir incertain.

Depuis le long conflit de 2019 pour les salaires et les conditions de travail, les tensions n’ont pas disparu et les 17 000 douaniers ne cessent de pointer les menaces sur l’emploi et les missions. Depuis 2002, date d’un conflit dur, le secteur est soumis à d’incessantes réformes (2002, 2012, 2015) portant des restructurations décidées dans le cadre de la réforme de l’État et au nom de la modernisation des services. Or, cela a déjà induit une perte massive d’emplois.

Le risque d’une perte de recettes pour les comptes publics La dernière réforme, lancée en 2019 et qui doit s’étirer jusqu’en 2024, consiste, elle, à poursuivre le transfert de la mission fiscale des douanes et des droits indirects, notamment celle portant sur les taxes sur les produits énergétiques (TICFE, TICGN, TIC) vers la DGFIP (les finances publiques). Selon le gouvernement, les douanes perdraient ainsi 700 emplois. Cette réforme met en réalité « un millier de postes sur la sellette », réagit Marie-Jeanne Catala, secrétaire générale de l’USD-FO. À terme, en 2025, « on aura perdu quelque 8 000 agents en dix ans », s’indigne-t-elle.

Pour le gouvernement, ces transferts s’insèrent dans une réforme plus globale », ayant pour but d’offrir aux entreprises un interlocuteur fiscal unique. Mais, s’insurge le SND-FO, en transférant la mission fiscale à la DGFIP, on ôte à la douane sa mission spécifique de contrôle, alors que la DGFIP n’en fait pas. Une DGFIP qui elle-même manque de moyens et perd chaque année des milliers d’emplois. Pour les syndicats douaniers, la disparition de la mission de contrôle fait courir le risque d’une perte de dizaines de milliards d’euros pour les caisses de l’État et des
collectivités locales
. Autant de recettes en moins pour le service public...

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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