Droits des travailleurs : encore fort à faire !

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Séance d’ouverture de la 109e Conférence internationale du travail, le 20 mai 2021 CC BY-NC-ND 2.0-ILO

Véhémence des employeurs, clivages persistants entre États concernant l’application des normes, non-respect des droits des travailleurs perdurant dans beaucoup de pays... Autant d’éléments mis en lumière par la 109e Conférence internationale du travail (CIT).

La première phase de la 109e Conférence internationale du travail (CIT) s’est tenue en visioconférence et sur le thème « L’enjeu clé de la reprise post-pandémie Covid-19 » du 7 au 19 juin dernier (une seconde phase se tiendra du 25 novembre au 11 décembre). Au sein du groupe des travailleurs français (dont la présidence au sein du conseil d’administration du BIT revient pour trois ans à la CFDT), la secrétaire confédérale chargée du secteur international à la confédération, Marjorie Alexandre, a porté la voix de FO. Cette conférence (181 pays accrédités, 4 467 participants dont 38,3 % de femmes) était articulée pour sa première phase en trois commissions : réponses à apporter à la crise Covid et à son impact sur le monde du travail, protection sociale et application des normes sur le travail. Un appel mondial à l’action en vue d’une reprise centrée sur l’humain a été adopté. États membres de l’OIT, employeurs et organisations de travailleurs s’engagent à œuvrer à une reprise largement partagée et riche en emplois qui assure des possibilités de travail décent pour tous, au moyen de politiques nationales de l’emploi intégrées, reconnaissant le rôle important du secteur privé et du secteur public ainsi que de l’économie sociale et solidaire. Cet appel évoque un accès équitable et non universel aux soins et aux vaccins, ce que regrette FO qui aurait souhaité un texte plus fort, et qui fustige par ailleurs l’attitude des employeurs refusant d’utiliser le terme de négociation collective. En matière de protection sociale, et alors que plus de 50 % des travailleurs de la planète n’en disposent toujours pas, peu de progrès sont à noter en dix ans quant à l’amélioration des droits et l’accès à un système de protection sociale, déplore FO.

Une bataille pour les travailleurs des plates-formes

La Commission de l’application des normes a mis quant à elle en lumière la persistance de non-respects des droits, ainsi à Hong Kong, en Biélorussie, en Colombie, au Cambodge, en Roumanie... Au cours de cette CIT encore, la virulence des employeurs, opposés à toute contrainte et qui durcissent leurs positions, s’est particulièrement affirmée, s’indigne FO. Ils s’en prennent au droit de grève, acté par la convention 87 de l’OIT (liberté syndicale et protection du droit syndical). Ils critiquent la convention 98 (droit d’organisation et de négociation collective), considérant notamment que les travailleurs des plates-formes sont des indépendants et non des salariés. Sur ce sujet, c’est une bataille internationale qui s’ouvre, insiste Marjorie Alexandre. La CIT a souligné entre autres aussi les attitudes toujours aussi divergentes des États vis-à-vis de l’application et du respect des normes. L’Union européenne (UE) montre elle une parole beaucoup plus forte, par exemple sur les droits de l’Homme, le droit de grève..., se réjouit FO. Mais si nombre d’États hors UE se disent prêts à coopérer avec l’OIT, certains, telles la Chine ou la Biélorussie, remettent en cause les experts de l’OIT !. La CIT a adopté par ailleurs une résolution d’urgence, sur proposition du groupe des travailleurs, concernant le Myanmar/Birmanie, appelant les États à faire pression sur la junte afin que cessent les violences qui ont déjà fait plus de 800 morts dont des syndicalistes.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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