Eboueurs : 90% des agents en grève à Nantes

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront, FO SPS

En conflit depuis six semaines avec leur employeur, la communauté Nantes Métropole, les éboueurs de la ville de Nantes sont désormais en grève à l’appel de deux syndicats dont FO. Ils contestent un projet de restructuration de leur temps de travail garni de la suppression de 24 postes et de l’aggravation des conditions de travail.

Le conflit des éboueurs de Nantes (Loire-Atlantique) avec leur employeur, Nantes Métropole (Nantes et son agglomération de 24 communes) a débuté il y a six semaines. Pendant cette période toutefois, les agents n’étant pas en grève, la contestation est passée inaperçue des habitants.

Depuis ce vendredi 14 avril il en est tout autrement. Les poubelles s’entassent dans les rues de la ville et la direction de Nantes Métropole s’alarme désormais de cette situation. Le Secrétaire général de la structure communautaire recevait ainsi ce jour les syndicats.

Les 210 agents chargés de la collecte des déchets ménagers à Nantes sont en effet en grève depuis ce 14 avril et le mouvement est suivi à 90% indique Rachid Minouni, le délégué syndical FO des territoriaux.

La cause de ce conflit vient de l’annonce par Nantes Métropole, il y a un mois, du prochain arrêt du système du « fini-parti » qui permet aux éboueurs de quitter leur travail une fois la collecte des ordures terminée. Nantes Métropole compte mettre en place à partir d’octobre une journée type de sept heures.

Depuis cette annonce, les agents « ont pris acte et appliqué cette journée type » indique Rachid Mimouni, une journée type, précise-t-il, qui est assortie de recommandations de sécurité préconisée par la CNAM (Assurance maladie). Les éboueurs sont ainsi invités par exemple à ne pas courir, à ne pas se saisir de deux bacs (grandes poubelles) à la fois, à ne pas effectuer de collectes bilatérales (ramasser les poubelles des deux côtés d’une rue) lors d’un passage dans une artère…

Trois tonnes de plus à porter

« Si l’on applique ces consignes, une journée de sept heures ne suffit pas pour assurer notre travail » souligne Rachid Mimouni indiquant que ces instructions données par Nantes Métropole « usant d’un prétexte accidentogène du métier » contribuent à fortement ralentir la cadence de travail.

« Actuellement l’employeur nous demanderait presque de courir tant il se rend compte que la journée type contribue à ralentir le travail » s’amuse le délégué FO. Alors que les agents bloquent depuis ce week-end trois centres collecteurs de déchets de l’agglomération et depuis ce matin un des deux centres d’incinération, la direction de Nantes Métropole continue à évoquer de possibles « discussions ».

Les syndicats haussent le ton, rejettent le principe de simples débats, ironisent sur cette « confusion sémantique » et demandent « de vraies négociations » sur l’ensemble du projet de Nantes Métropole.

Consistant à mettre fin au système du fini-parti, ce projet s’accompagnerait en effet de la suppression de 24 postes d’éboueurs et d’une restructuration des tournées de collecte des déchets. Nantes Métropole prévoit ainsi de supprimer huit secteurs de collecte ce qui aboutirait à étendre la surface couverte par chaque tournée.

« Cela signifie qu’il y aurait une augmentation de la charge de travail et plus concrètement de la charge -en termes de poids- manipulée chaque jour par les éboueurs » s’irrite Rachid Mimouni précisant que « pour chaque tournée, cette augmentation de la charge atteindrait plus de trois tonnes ».

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

FO SPS Services publics et de Santé