Éboueurs de Bordeaux : les raisons de la colère

Grève par Evelyne Salamero

Raymond Léglise du Syndicat FO Bordeaux Métropole.

La grève des éboueurs de Bordeaux Métropole se poursuit ce lundi 27 juin et le Conseil communautaire refuse toujours de négocier. Il y a trois jours, vendredi 24 juin, plusieurs ont laissé exploser leur colère lors d’un rassemblement et tenté d’envahir la salle où se réunissait le Conseil communautaire présidé par le maire de la capitale girondine Alain Juppé. Interviewé en marge du congrès de l’Union départementale FO de Bordeaux, réuni les 23 et 24 juin à Bègles en banlieue bordelaise, Raymond Léglise, secrétaire général du syndicat FO Bordeaux Métropole explique.


Pourquoi cette grève ?
Raymond Léglise : La grève a commencé le 21 au soir. L’appel a été lancé par FO, puis la CGT s’y est associée. Mais à l’origine ce sont les agents qui nous ont sollicités. Il y a trois semaines, juste avant l’Euro, auquel des millions sont consacrés, la Métropole (composée de 27 communes, ndlr) nous a annoncé que nos cotisations à la complémentaire santé augmenteraient de 15% en 2017 puis de 10% en 2008, soit 50 euros de plus par mois. De plus, il nous a été signifié que le régime indemnitaire ne serait toujours pas renégocié en 2016, ni en 2017, ni même peut être en 2018, alors qu’un accord de 2012 prévoyait qu’il le soit dès 2014 et qu’on n’a jamais rien eu.


Y-a-t-il eu des négociations depuis le début de la grève ?
Raumond Léglise : Avant le déclenchement de la grève, nous avons demandé à être reçus et nous l’avons été par un élu, et deux représentants de la direction. Après nous avoir écoutés, ils nous ont dit qu’ils attendraient de voir la mobilisation pour voir comment ils allaient négocier. Quelques heures plus tard la grève commençait avec la première équipe de nuit de la collecte des ordures ménagères, avec 100 % de grévistes d’emblée, puis l’équipe de jour a suivi et ensuite les agents de propreté (balayage des trottoirs), ceux de la voirie et enfin ceux des centres de recyclage. Aujourd’hui, la grève impacte 100% des services de la propreté, 80 % de la collecte des ordures ménagères, 100% des centres de recyclage et même quelques agents administratifs. Ni les élus, ni la direction n’ont bougé d’un iota. Et maintenant M. Juppé nous dit qu’il refuse de négocier sous la pression !


Que s’est-il passé vendredi 24 juin au matin ?
Raymond Léglise : Devant l’absence d’écoute de la direction et des élus, nous avons appelé à un rassemblement dans le hall de Bordeaux Métropole où se réunissait le conseil communautaire. La colère des agents a débordé. Il faut savoir que depuis le début de la grève ils en sont à 200 voire 250 euros de perte de salaire, sachant que ce sont des agents de catégorie C qui gagnent entre 1 200 et 1 500 euros net par mois. En plus, le bruit court que les retenues de salaires ne seront pas étalées. Certains ont voulu pénétrer dans la salle de réunion du Conseil, une porte a été endommagée et la sécurité a dû intervenir. M. Juppé a finalement suspendu la séance.


Quelle a été la position du syndicat FO après ces incidents ?
Raymond Léglise : dans un communiqué commun avec la CGT, nous nous sommes désolidarisés des actions conduisant à des dégradations, mais nous avons réaffirmé notre soutien aux agents engagés dans une action légitime et qui malheureusement se trouvent amenés à réagir face à la violence sociale du Président de la Métropole. Nous avons renouvelé notre demande d’être reçus le plus rapidement possible afin, que ce conflit se termine le plus rapidement possible, dans l’intérêt des usagers, des agents et donc de Bordeaux Métropole.


Comment les agents ont-ils réagi ?
Raymond Léglise : Les collègues ont parfaitement compris. D’ailleurs le syndicat FO continue de faire des adhésions pendant ce conflit.


Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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