La grève des éboueurs de la Métropole de Lyon a payé

Mobilisation par Evelyne Salamero

Collecte des ordures ménagères à Lyon. © Stephane AUDRAS/REA

Le 5 avril au petit matin, les éboueurs de la Métropole de Lyon ont repris le travail au terme de 17 jours de grève. Ils ont obtenu la revalorisation de leur régime indemnitaire, une amélioration de leurs conditions de travail, des embauches et que les camions ne partent plus avec un seul agent à l’arrière, mais bien deux. Ils ont été activement soutenus de bout en bout par le syndicat FO des personnels de la Métropole, l’Union départementale du Rhône et la fédération des services publics et de Santé FO.

Le 19 mars, la majorité des éboueurs, fonctionnaires territoriaux de la Métropole de Lyon, se mettaient en grève, à l’appel d’un collectif créé par plusieurs d’entre eux d’entre eux. Pouvoir d’achat et conditions de travail dégradés, pressions de la hiérarchie, perte de primes, hausse constante des cadences… La coupe était pleine. Le 21 mars, le syndicat FO des personnels de la Métropole déposait un préavis de grève de 24 heures reconductible de la collecte des ordures ménagères à compter du 26 mars à 5h30, préavis que le syndicat FO a maintenu jusqu’à ce que les grévistes décident de reprendre le travail. Les autres organisations syndicales ont levé leur préavis de grève moins d’une semaine après le début du mouvement.

Azzedine Touati, secrétaire général du syndicat FO de La Métropole de Lyon explique : « Nous avons simplement respecté la base. Nous étions là pour les aider, les assister, les accompagner dans les négociations, et en couverture. Mais c’était au collectif de décider ou pas de la reprise du travail. ».

« Non les fonctionnaires territoriaux qui gagnent entre 1200 et 1800 euros par mois ne sont pas des casseurs »

Le 28 mars, alors que La Métropole faisait procéder à la collecte des ordures par des entreprises privées au prétexte du maintien de « la sécurité et la salubrité publique », l’Union départementale du Rhône et la fédération des services publics et de santé FO s’élevaient « avec la plus grande véhémence contre les menaces subies par les agents, la remise en cause du droit de grève ». Leur communiqué soulignait : « Non les agents de la Fonction publique territoriale qui gagnent entre 1200 et 1800 euros par mois, ne sont pas des casseurs. »

Ce soutien sans faille a valu au syndicat FO d’être assigné en justice, mais aussi d’avoir les remerciements du collectif.

Le 3 avril, ce dernier s’adressait aux contribuables métropolitains et aux élus en ces termes : « par ce communiqué, nous collectifs des éboueurs, des chauffeurs et des encadrants, désapprouvons fortement les accords passés entre la métropole et les deux syndicats Unsa et CGT (…) Nous ne nous reconnaissons pas dans ces syndicats qui nous ont abandonnés lâchement en retirant leur préavis de grève. Nous remercions le syndicat FO qui n’a pas retiré son préavis de grève et qui est assigné au tribunal, parce qu’il revendique le droit des agents de la métropole et porte les revendications du collectif des éboueurs, chauffeurs et encadrants. »

« Nous ne demandons pas l’aumône, nous voulons notre dû »

Les grévistes concluaient : « Le président (de la métropole ndlr ) David Kimelfeld assigne des pères de famille au tribunal, pour les punir d’avoir revendiqué, il multiplie les provocations à notre encontre. Nous gardons notre calme et notre détermination pour aboutir à nos revendications qui sont légitimes. La balle est dans le camp du président de la métropole, il doit ouvrir des négociations sérieuses avec le collectif, nous ne demandons pas l’aumône, on veut notre dû ! »

Après 17 jours de grève, le collectif a souhaité être accompagné par FO pour une ultime négociation avec l’administration et les élus de la métropole. A l’issue de cette rencontre, au vu des nouveaux engagements de l’employeur, le préavis de grève a été levé le 5 avril et le travail a repris. L’assignation en justice à l’encontre du syndicat FO a été levée.

Les éboueurs de la Métropole de Lyon ont obtenu vingt recrutements d’ici le 1er juillet, l’engagement que les camions ne partiront plus avec un seul agent à l’arrière (mono-ripeur), mais bien deux et l’arrêt des collectes l’après-midi. Subissant le gel du point d’indice comme tous les fonctionnaires, les grévistes ont néanmoins arraché une prime pérenne de 69 euros bruts par mois pour travaux dangereux et insalubres, avec effet rétroactif depuis 2017, et un intéressement de 300 euros brut par an. Ils ont également gagné l’alignement du régime indemnitaire des agents recrutés après la création de la métropole en 2015 (294 euros par mois), sur celui des plus anciens (341 euros), soit un gain de 47 euros pour les concernés.

Après la grève du public, celle du privé

A cela, il faut notamment ajouter l’engagement de la direction à regrouper les congés d’été sur deux mois, et non plus sur trois, ainsi qu’à rénover les vestiaires dans 18 mois et à renouveler les équipements de protection individuelles (gants, combinaisons…) d’ici octobre prochain.

Si la grève des éboueurs fonctionnaires de la Métropole est aujourd’hui terminée, elle a visiblement servi d’exemple. Ce 10 avril, 90% des salariés de l’entreprise privé Pizzorno Environnement chargée de la collecte des ordures dans certains arrondissements du centre de Lyon, ainsi qu’à Villeurbanne, Bron et Vaulx-en-Velin, poursuivaient leur grève entamée le 2 avril.

Pascal Lagrue, secrétaire général de l’Union départementale FO du Rhône, voit là « un avertissement pour ceux qui ont tendance à transférer les missions de service public au secteur privé, pour compléter la remise en cause du statut de fonctionnaire, en espérant diviser pour mieux régner. Aujourd’hui les éboueurs du privé revendiquent d’être alignés sur ceux de la métropole. C’est la démonstration que salariés et les syndicats finissent toujours par reprendre la main pour défendre les intérêts des travailleurs. »

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante