Économie : l’Insee voit le premier semestre 2015 moins pire que 2014

Economie par Mathieu Lapprand

6 indicateurs économiques pour 2015

L’institut a rendu publiques les principales données économiques de 2014 et ses prévisions pour le premier semestre 2015. L’amélioration de la conjoncture dépendra beaucoup du prix de l’énergie et du niveau de l’euro face au dollar.

Publiée chaque trimestre, la note de conjoncture de l’Insee synthétise les grandes données économiques – salaires, consommation, résultats des entreprises, investissements – et effectue des prévisions pour le semestre en cours. Revue de détail.

Un peu de croissance mais un chômage en hausse. L’Insee estime qu’à la mi-2015 la croissance pourrait atteindre 0,8 %, marquant ainsi un progrès par rapport aux deux années précédentes (0,4 %), mais restant toutefois insuffisante pour enrayer la progression du nombre de chômeurs. Le taux de chômage pourrait atteindre 10,6 % fin juin 2015 contre 10,4 % à fin 2014.

Salaires, ça bloque. La faible revalorisation du Smic pèse sur la croissance du salaire moyen par tête (SMPT) dans le secteur privé (hors agriculture), qui, baisse des prix incluse, progresserait au premier semestre 2015 moins vite qu’au second semestre 2014 (0,3 % contre 0,8 %). Dans le public, après la baisse de 2014 (- 0,2 %), les grilles indiciaires entrées en vigueur au 1er janvier devraient permettre une hausse de 0,5 % du SMPT mi-2015, principalement pour les agents de catégorie C.

Pouvoir d’achat, merci la déflation. C’est essentiellement la très faible inflation qui permettra une légère progression du pouvoir d’achat des ménages. Par unité de consommation, il devrait croître de 0,8 % au premier semestre contre 0,4 % en 2014 et - 0,6 % en 2013. Mais cette progression ne concernera pas les retraités, entre autres, car certaines revalorisations de prestations du premier semestre sont « faibles ou nulles ».

Consommation, un léger rebond. Si elle rebondit légèrement début 2015, c’est surtout dû à la forte hausse de la consommation d’énergie (+ 3,1 %) et, dans une moindre mesure, aux achats de biens fabriqués (+ 1 %). La consommation alimentaire, elle, continuera à baisser.

Marge des entreprises, ça bondit. En 2014, le taux de profit des entreprises s’est stabilisé à 29,7 % du chiffre d’affaires, mais il devrait fortement progresser, de 1,3 point, au premier semestre 2015. Une hausse liée pour moitié (0,6 point) au CICE, pour 0,4 point aux exonérations de cotisations patronales du pacte de responsabilité et à la baisse du prix du pétrole pour 0,3 point. Pour l’institut, le taux de marge poursuivra sa progression au second trimestre 2015, pour atteindre 31,3 %.

Investissement, ça stagne. L’investissement des entreprises sera stable au premier semestre. Voilà qui constituera sûrement une déception pour François Hollande et Manuel Valls, qui espéraient que les milliards offerts aux patrons dans le cadre du CICE et du pacte de responsabilité allaient se traduire par des investissements pour préparer l’avenir.

Mais s’enferrant dans cette politique de l’offre, le gouvernement a proposé un nouveau crédit d’impôt de 2,5 milliards d’euros sur cinq ans aux entreprises qui investiront. Pascal Pavageau, Secrétaire confédéral chargé de l’économie, rappelle que « FO exige une véritable politique de relance, d’augmentation des salaires et des investissements ». 

Repères
Une « conjonction de vents favorables », c’est ainsi que l’Insee décrit le climat économique de la zone euro. Ces vents identifiés par l’institut sont la « chute du cours du pétrole », qui soutient le pouvoir d’achat des ménages, et la « dépréciation substantielle de l’euro », qui stimule la compétitivité des entreprises.
Les projections pour le 1er semestre 2015 sont donc fortement dépendantes de ces deux facteurs économiques. C’est pourquoi, pour ses projections, l’Insee a fixé le prix du baril de Brent à 55 dollars et le cours de l’euro à 1,08 dollar pour 1 euro, et ce, pour tout le premier semestre 2015.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante