EDF : la mobilisation pour la défense du service public se poursuit

Energie par Evelyne Salamero

Plusieurs centaines d’agents EDF se sont rassemblés devant le bâtiment où se déroulait l’assemblée générale des actionnaires, le 12 mai 2016, pour défendre le service public de l’électricité. Photographie : F. Blanc / FO Hebdo

Avant d’aller rejoindre la manifestation pour le retrait du projet de « Loi Travail », plusieurs centaines d’agents d’EDF se sont rassemblés ce 12 mai au matin à Paris, place Colette, devant le Carrousel du Louvre où se déroulait l’assemblée générale des actionnaires du groupe EDF, à l’appel de trois syndicats. Les organisations syndicales entendaient alerter une nouvelle fois : EDF et ses missions de service public sont en grand danger.

Fermeture des centrales thermiques de Cordemais en Loire Atlantique (en grève depuis trois jours) et de Porcheville dans les Yvelines, privatisation des installations hydrauliques, sous -investissement ou investissements hasardeux dans le nucléaire, ouverture du capital de RTE la filiale à 100% de EDF chargée de gérer le transport public d’électricité…. « Aucun pan de l’entreprise n’est aujourd’hui épargné », a rappelé Maurice Isler, délégué syndical central FO à EDF SA devant les manifestants.

Menaces sur l’approvisionnement du pays en électricité alertent les syndicats

Au total, 4 000 emplois au moins devraient être supprimés d’ici 2018. Mais, comme l’a souligné le délégué FO, le problème concerne aussi les usagers.

Depuis 70 ans, EDF, dont l’État est encore aujourd’hui le principal actionnaire (à près de 85%), est en mesure de fournir de l’électricité partout en France, 24 h sur 24, 7 jours sur 7, aux citoyens, aux entreprises, aux collectivités. Une « électricité de qualité à un prix compétitif », soulignent les organisations syndicales dans un communiqué commun. Cela va-t-il durer ? « L’entreprise EDF et ses missions de service public sont aujourd’hui en grand danger » alertent FO, la CGT et la CGC.

« Sous l’impulsion d’une politique européenne de l’énergie incohérente qui tourne au fiasco (la première directive européenne d’ouverture à la concurrence de l’électricité date de 1996, ndlr), les prix de gros de l’électricité se sont effondrés partout en Europe, mettant à mal les énergéticiens historiques et leur capacité à financer des investissements cruciaux pour la sécurité des approvisionnements », dénoncent-elles.

Déréglementation : Les trois syndicats exigent du gouvernement qu’il impose à Bruxelles un moratoire

EDF « fait face aujourd’hui à une situation financière et bilantielle qui lui interdit d’investir massivement pour assurer à l’avenir la sécurité des approvisionnements énergétiques des Français, tout en garantissant une électricité de qualité à des prix modérés, pour les usagers, l’économie et plus largement pour l’appareil industriel ».

Les trois organisations syndicales exigent du gouvernement français « qu’il impose à Bruxelles un moratoire et stoppe toutes les actions en cours sur le secteur énergétique », soulignant : « il est grand temps de tirer les leçons d’une déréglementation européenne qui envoie la France et l’Europe dans le mur ! »

« Si nous dépassons nos divisions c’est que nous sommes très mobilisés aujourd’hui »

Si, pour la fédération FO, seule une renationalisation de l’ensemble du secteur de l’énergie , à laquelle elle appelle depuis maintenant cinq mois, permettrait de sauver le service public, les trois organisations syndicales revendiquent ensemble, notamment, que RTE mais aussi ERDF, l’autre filiale à 100% d’EDF chargée du réseau de distribution de l’électricité , restent à « 100 % public » et qu’elles aient « les moyens d’investir dans leurs réseaux et dans toutes les innovations autour de l’arrivée des nouvelles technologies du numérique ».

Une délégation composée des représentants des organisations syndicales a été reçue pendant le rassemblement par Marianne Laigneau, directrice des ressources humaines. Alain Drey de FO a indiqué : « Nous lui avons notamment fait remarquer que si nous dépassons aujourd’hui nos divisions, c’est bien que nous sommes très mobilisés. »

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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