Editorial de Philippe Pihet : « Retraites : FO défendra encore et toujours la solidarité ! »

Retraite par Philippe Pihet, Secteur des Retraites

HAMILTON/REA
FO Actualité
Retraite n°80
Mars 2017
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J’avais eu l’occasion de le dire devant la Représentation nationale : une retraite, c’est 70 ans - 40 ans pour la construire, 20 ans de droits propres et 10 ans de droits dérivés - soit 14 campagnes électorales, à droit constitutionnel constant. En termes courtois, j’avais fait remarquer que ce qui manquait le plus, après des recettes, c’était la stabilité des règles de gestion.

Force est de constater que les faits nous donnent raison : du système universel aux comptes notionnels, la réforme des retraites est une fois de plus à l’ordre du jour. FO a déjà exprimé sa revendication sur le maintien des régimes, d’autant plus que tous convergent vers les mêmes règles sur l’âge légal et la durée.

Pour ce qui est des comptes notionnels, il semble bon de rappeler leur fonctionnement et surtout de combattre la fausse idée qui veut que, quelle que soit la personne, un euro cotisé donne les mêmes droits. Même si comptes notionnels ne veut pas dire capitalisation, cette technique met à mal les solidarités intergénérationnelles, sans régler pour autant les injustices salariales, particulièrement faites aux femmes (le temps partiel subi notamment).

Ce compte notionnel est basé sur un « pari », celui de la table de mortalité d’une génération. En d’autres termes, pour une année de naissance donnée, l’espérance de vie (à 62 ans par exemple !) servira de base pour diviser le « capital virtuel » acquis au cours de la carrière, à travers son report au compte. Le résultat de cette division constituera le montant annuel de la pension. Comme une sorte de viager, en moins drôle que le film.

On le voit bien, un euro cotisé ne donnera donc pas les mêmes droits, sauf à subdiviser à l’intérieur d’une même génération, entre profession et sexe. Ce qui reviendrait à individualiser à l’extrême la répartition... pour finir certainement par « l’évidence » de la nécessité d’un complément en capitalisation.

Les tenants de ce modèle seraient inspirés de se reporter aux dernières publications de l’Insee sur la comparaison des taux de remplacement, notamment entre public et privé. Il y est fait le constat que l’alpha et l’oméga du régime universel ne résoudra pas les « différences » de traitement.

Rappelons encore une fois que les promoteurs d’un système unique, voire universel ont autre chose en tête que l’égalité de traitement. Rappelons aussi la faute politique, au vrai sens du terme, qui consiste à vouloir faire jouer aux systèmes de retraites ce pourquoi ils ne sont pas faits : ils ne peuvent à eux seuls corriger les injustices faites aux salarié(e)s durant leur vie active.

Le rôle d’un syndicat est d’améliorer les dispositifs de solidarité qui existent dans les régimes par répartition, je pense particulièrement aux dispositifs de réversion ou de majoration, de pensions comme de trimestres. Notre Confédération restera vigilante et combative pour que la solidarité, interprofessionnelle comme intergénérationnelle continue à produire des effets bénéfiques pour le plus grand nombre.

C’est aussi ça la République sociale.

Philippe Pihet Ex-Secrétaire confédéral

Secteur des Retraites Le secteur Retraites est chargé des retraites (obligatoires, complémentaires et surcomplémentaires) et porte les revendications de FO sur ces dossiers.